Edito – de l'info-conso du CNAFAL numéro à nous demander
Il n’est pas rare que, lors de l’une de nos permanences, un consommateur souhaite revenir sur son achat en magasin au seul motif de son insatisfaction. Il est vrai que les consommateurs bénéficient de règles particulièrement protectrices qui compensent leur « faiblesse » face aux professionnels, leur donnant par exemple la possibilité de se rétracter dans certaines circonstances (achats à distance, démarchage etc.). C’est pourquoi les consommateurs sont parfois considérés comme des enfants, qui seraient bien incapables de mesurer la portée de leur engagement.
Pourtant, l’ère numérique plaide pour le consommateur émancipé et aguerri, capable de « jongler » avec les informations en faveur de l’achat idéal. Jamais l’information n’a circulé aussi vite, ce qui contribue à une responsabilisation accrue des consommateurs. Ainsi, en 2014, quelle n’a pas été l’émotion suscitée lorsqu’un journal révéla la distribution, par le groupe Carrefour, de crevettes provenant d’une entreprise thaïlandaise, dont les travailleurs étaient réduits à l’esclavage. Ce type d’affaires contribue à éveiller la conscience des consommateurs qui s’intéressent désormais à la dimension environnementale et sociale dans laquelle est fabriqué le bien. Beaucoup d’initiatives, du « Made In France » jusqu’aux circuits courts, sont l’expression d’un rejet d’une économie anonyme et mondialisée. Le « Made In France » reflète l’idée de défendre notre économie et notre modèle social en consommant un produit issu du territoire. Les circuits courts comme les AMAP1 contribuent à rapprocher le consommateur du producteur, alors que ce dernier est souvent pressurisé par un système économique dominé par la grande distribution. Le consommateur est en quête d’authenticité et de qualité, face à la difficulté croissante de connaître l’origine des produits.
En matière de consommation, la question du pouvoir d’achat est prégnante, c’est probablement la première d’entre toutes. Peut-on raisonnablement attendre qu’un consommateur issu d’une classe défavorisée fasse les mêmes choix qu’un consommateur d’une classe moyenne ? La réponse, évidente, est non. Les produits sous signe de qualité (BIO) ou autres Labels (Commerce équitable) sont plus onéreux que les autres et les circuits courts ne sont pas présents partout et nécessitent parfois un investissement qu’il est difficile de fournir.
De plus, la population demeure inégale face à l’information, c’est ce que démontre une étude du Centre d’Analyse Stratégique de 2011, qui atteste d’une triple fracture numérique d’ordre générationnel, social et culturel. Par exemple, 18% des plus de 65 ans disposent d’internet, quand seulement un tiers seulement des personnes à faible revenu disposent d’un ordinateur à domicile, contre 91 % des revenus les plus élevés.
On mesure, dans ces conditions, la relativité de certaines idées reçues. On mesure aussi le rôle primordial des associations de consommateurs qui, dans leur diversité, sont capables de toucher des publics très différents dans le cadre d’actions éducatives et curatives. En tant qu’association d’éducation populaire, le CNAFAL peut prétendre à jouer les premiers rôles.