LE FILM "LE SECRET DE CHANDA"
http://www.familles-laiques-de-vaux-le-penil.fr/article-cinema-le-secret-de-chanda-56803742.html
L’avant-première aura lieu le mardi 23 novembre à 20h au Max Linder (24, boulevard Poissonnière – 75009 Paris )
M° : Grands Boulevards
Parking : Rex Atrium – 7 rue du faubourg Poissonnière
Nous pouvons disposer de places avant-première, si vous désirez pouvoir disposer de places, contactez le siège de l'association
FICHE PEDAGOGIQUE
“Le Secret de Chanda” est un film qui permet une véritable exploitation pédagogique en classe, et plus particulièrement en direction des élèves des deux premiers cycles du collège (11 à 14 ans). Ce long-métrage donne plusieurs clés de compréhension pour mieux appréhender l’Afrique du Sud contemporaine et prendre conscience des ravages du SIDA sur le continent africain. Ce film est ainsi vecteur de connaissances à la fois géographiques et culturelles, et favorise aussi le dialogue sur la prévention du SIDA. Il devrait permettre de s’interroger sur les préjugés et les tabous qui entourent la maladie dans nos sociétés. Enfin, le personnage de Chanda, auquel les élèves pourront s’identifier, peut servir de modèle par son courage, son dévouement sans faille et sa lutte personnelle pour rétablir la vérité.
Les connaissances préalables au visionnage du film :
* Situer l’Afrique du Sud sur un planisphère ou une carte, expliquer ce qu’est un township.
* Faire des recherches sur le virus du SIDA, les différents facteurs de transmission et les moyens de prévention, évoquer les médicaments qui permettent aujourd’hui de lutter contre le VIH.
* Éventuellement faire lire le roman ou des extraits du roman à la classe pour que les élèves s’interrogent sur son adaptation à l’écran.
En aval, un questionnement permettra de compléter ces notions et d’en faire émerger de nouvelles, tout en laissant les élèves trouver les réponses et construire eux-mêmes leur savoir à partir des éléments du film.
Exemples de questions : “Pourquoi Chanda est-elle mise à l’écart par les habitants du village ? Pourquoi le mot SIDA n’est-il jamais employé ?” “Comment comprenez-vous les difficultés de l’amitié entre Chanda et Iris ?” “Jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour rétablir la vérité ?”
Les notions à faire émerger :
* L’absolue nécessité de parler des dangers du SIDA et de lutter contre sa propagation en Afrique du Sud et dans le reste du monde.
* Les risques de l’obscurantisme et des traditions comme sources de repli sur soi et de négation d’une réalité sociale.
* La cellule familiale face au reste de la société.
* L’avenir des enfants du tiers-monde et en particulier des orphelins.
Le pari de ce film consiste à évoquer de manière à la fois émouvante et réaliste le destin d’une adolescente qui se bat pour que la réputation de sa mère ne soit pas bafouée. Si le SIDA est au coeur de l’histoire, ce n’est pas un film sur les victimes du virus. C’est un film sur le passage à l’âge adulte, et c’est ce qui le rend universel.
DU LIVRE AU FILM : L’ADAPTATION CINÉMATOGRAPHIQUE
Adapter un livre au cinéma est toujours un défi. En effet, le pouvoir des mots sur l’imagination du lecteur est extraordinaire, car absolument unique. C’est une immersion individuelle. Chaque lecteur projette des images spécifiques, qui n’appartiennent qu’à lui, à partir d’un même texte. En résumé, la façon de “vivre” un livre est éminemment subjective.
Le travail d’adaptation consiste à essayer de retranscrire de manière la plus fidèle possible ce qui fait l’essence du livre, en utilisant les techniques de narration propres au cinéma. Le réalisateur explique sa démarche : “Le roman est écrit à la première personne.
Mais, j’ai préféré privilégier la force des images et le jeu de l’actrice à une voix-off qui aurait commenté l’action pour donner accès à la pensée de Chanda. Pour la cohérence du film, il a aussi fallu changer son âge. Si dans le livre elle a seize ans, en réalité, à cet âge là, les jeunes sud-africains ont déjà perdu leur caractère d'enfant.”
“LE SILENCE QUI TUE DANS LES COLLINES” PAR JEAN-PHILIPPE RÉMY
Extraits d'un article du journal , paru le samedi 19 juin 2010
Joyce Mshali parle de ses enfants. De la peur qu'elle a de les voir emportés
par la maladie qui fauche les collines du Kwazulu-Natal. […] Joyce Mshali a
déjà perdu un fils. Son aîné. Veuve, elle voudrait protéger ses trois autres enfants.
Mais, pour cela, il faudrait commencer par en discuter. Et cela, on n'y
parvient pas dans la famille. Joyce a bien essayé de discuter avec son fils :
“Il rit et il parle d'autre chose”, se désole-t-elle. “Les jeunes ne veulent pas
parler de ça, parce qu'ils seraient obligés de reconnaître qu'ils ont plusieurs
partenaires.”
[…] Avec son second fils comme avec sa fille aînée, qui a déjà un bébé, la loi
du silence n'est pas imposée par la mère, mais par les enfants, qui avancent
que la “honte” les empêche d'aborder le sujet. Ce silence est le tourment de
Joyce Mshali : “Quand mon fils est tombé malade, je ne savais pas ce qu'il
avait, j'étais ignorante. Quand j'ai compris, c'était trop tard, et il est mort. Je
ne veux pas que cela arrive avec les trois autres.”
[…] Pour Tenjiwe, sa fille cadette de 18 ans, Joyce a repris d'autorité une
vieille tradition tombée en désuétude, celle des tests de virginité, pratiqués
désormais dans la région afin de lutter contre le sida. […] C'est le jour où
passe une représentante d'une organisation, Humana, spécialisée dans la
prévention du sida dans ces collines où le chômage frappe durement. Organisés
comme une armée, avec uniforme rouge vif, casquette et grades allant
jusqu'au “commandant de division”, les membres de l'organisation tentent
de faire du porte-à-porte pour livrer une guerre qui semble perdue chaque
jour. […]
Une des membres, Florence, tente de lire à voix haute un petit livret sur la
prévention. Ses paroles flottent dans l'air, tandis que chacun dans la pièce
semble regarder ailleurs. Une fois sortie, la jeune femme avoue : “Dans la
plupart des maisons, dès qu'on aperçoit nos casquettes rouges, les portes
se ferment, on nous crie de nous en aller. Quand on entre quelque part, les
voisins déduisent qu'il y a une personne infectée dans la maison.”
Après les années de déni, la question du sida est à présent prise à bras-lecorps
en Afrique du Sud. Les traitements sont disponibles, une campagne
nationale engage à se tester. [...] Dans les collines du Kwazulu-Natal, on se
prend à espérer malgré le poids des silences.
LE ROMAN
La première parution du roman “Le Secret de Chanda” aux Etats-Unis date de 2004. Le livre remporte de nombreux prix et devient un best-seller dans onze pays. En France, il paraît aux éditions Bayard
en 2006.
Dans le livre, Chanda, seize ans, découvre non seulement l'omniprésence de la mort dans certaines régions
du sud de l'Afrique, mais aussi le fait que personne dans son entourage n'ose parler ouvertement de l'origine
de ces décès : le SIDA. “Le Secret de Chanda” raconte l'histoire d'enfants que la vie force à devenir responsable
beaucoup trop tôt, et qui ne connaîtront jamais une enfance normale.
LE FILM
Le réalisateur du film est né en Afrique du Sud. Il a connu l’époque de l’Apartheid (qui signifie “séparation” en afrikaans et s’est concrétisé jusqu’en 1991 par la ségrégation raciale entre noirs et blancs) puis celles de la transition et de la “réconciliation”, avant de s’installer en Allemagne. Il explique qu’en Occident, les gens
ont tendance à faire des généralisations hâtives quand ils parlent de l'Afrique. Avec “Le Secret de Chanda”, il a voulu être très réaliste pour que les spectateurs aient un aperçu plus juste de son pays. Par exemple, le film a été tourné dans un village et à l’intérieur de maisons qui existent vraiment. Les acteurs auraient aussi pu
jouer en anglais, mais ils parlent en Pedi, un dialecte local.
LES VÉRITABLES VECTEURS DE PROPAGATION DU SIDA :
NON-DITS & TABOUS
“Je me rappelle que maman me conseillait de garder ma colère pour combattre l'injustice.
Désormais, je sais ce qui est injuste : le silence qui règne autour du sida.”
Cet extrait du roman résume la souffrance de Chanda. Personne n’ose admettre que Lillian, sa mère, est séropositive. Sa maladie est tellement honteuse qu’on ne peut même pas prononcer son véritable nom : le SIDA. Pour Madame Tafa, leur voisine, sa mère subit un “châtiment divin”. Ce déni est accentué par l’ostracisme
dont Lillian est victime. Sa soudaine et mystérieuse disparition, sous prétexte que “la maison a été envoûtée” est en réalité un bannissement de la communauté. Petit à petit les préjugés, la superstition et l’obscurantisme infestent le village, le transformant en un lieu où règnent l’intolérance et la haine. Enfin, même le recours à la
science s’avère être un long combat, car des médecins charlatans profitent du désarroi et de l’ignorance de la population pour manipuler leurs patients.