La République française honore la mémoire des victimes de la déportation, en particulier des déportés de France dans les camps de concentration ou d'extermination nazis.
Depuis l'adoption de la loi du 14 avril 1954, le dernier dimanche d'avril est consacré "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation".
Il existe des romans accessibles comme celui de Gilbert Bordes qui montrent concrètement les souffrances endurées par les enfants et expliquent comment s'est organisée la résistance à tous les niveaux...
Tous n'étaient pas des grands héros mais beaucoup ont montré un grand courage et comme l'a écrit Corneille « Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années » !
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« Les enfants de l'hiver »
roman de Gilbert Bordes
X0 Éditions
287 pages
Février 2011
Un périple « fantastique »
Ils ne se connaissaient pas. Les uns étaient chrétiens, les autres juifs...Tout les séparait : l'origine sociale, la culture, l'éducation....
La guerre et la fuite devant les SS les ont réunis dans les Pyrénées entre la France de l'Espagne.
Certains sont des jeunes enfants, d'autres des adolescents qui peu à peu vont être capables de survivre dans des conditions plus que précaires. Il leur faut à la fois trouver les résistants qui les protègeront et à la fois se maintenir en vie, ici et maintenant. Il leur faut quérir de quoi se nourrir en plein hiver:
« Survivre ne demande aucune qualité particulière, seulement l'obstination de l'insecte au corps écrasé qui agite encore ses pattes pour échapper à l'outil du jardinier. Il n'y a rien d'autre à faire: marcher jusqu'à l'ultime battement de cœur »...
Chaque enfant va relever dans l'adversité et face au danger qui le menace sa vraie nature et aussi des capacités dont il ignorait ou sous-estimait l'existence.
L'histoire racontée est émouvante et touchante. L'auteur sait accrocher son lecteur et l'entraîner dans une histoire humaine « fantastique » avec un vrai suspens.
C'est un roman qui montre comment des êtres fragiles, en phase de construction peuvent passer de l' individualisme qui frise l'égoïsme à la solidarité.
Ce sont des enfants qui peu à peu se forgent une conviction d'adulte : « Être homme, c'est se battre jusqu'à l'extrême limite, c'est supporter la douleur et ne jamais renoncer ».
Ce roman est beau et fort.
Jean-François Chalot