« Le vieux espère, il a encore le droit de rêver qu'il va être respecté et écouté, que ses cheveux blancs seront honorés, sa marche aidée, ses douleurs soulagées. C'est le devoir des suivants. »
Voici une phrase forte tirée du livre « Le syndrome du glissement ».
Il reste encore beaucoup à faire : transformer totalement les maisons de retraites, les rendre toutes humaines et accessibles, créer les conditions pour que les personnes âgées soient accompagnées et qu'elles puissent le plus longtemps possible vivre chez elles et disposer d'un environnement social et humain permettant d'éviter leur isolement.
L'autonomie c'est un droit! C'est ce qu'affirme le CLIC, centre social d'information et de coordination. Les familles informées peuvent demander l'intervention de professionnels, aidants et TISF , infirmiers....
Parallèlement à l'intervention de professionnels formés, des bénévoles peuvent, eux aussi mener des actions de solidarité comme le transport solidaire ou le parrainage des anciens.
Comme me l'a bien expliqué un bénévole qui agit sur ma commune, à Vaux le Pénil : « Ce n'est pas moi qui apporte, les relations nouées avec les personnes âgées sont pleines de promesses tenues avec des moments forts partagés.
Les bouches commencent à s'ouvrir sur les détresses de certaines personnes âgées et le monde bouge, pas assez mais il bouge.
Il y a tellement à faire! Oui eh bien faisons le!
Le livre d'Elisabeth Laureau Doll constitue une contribution majeure pour notre réflexion.
« Le syndrome de glissement »
roman d’Élisabeth Laureau-Daull
Éditions Arléa
185 pages
18 €
janvier 2012
Émouvant et tellement authentique
C'est le premier roman de cette écrivaine...Pour un coup d'essai c'est un coup de maître.
Le lecteur ne sort pas indemne et d'ailleurs, s'il est comme moi il ne peut pas interrompre sa lecture.
Julienne qui vient de « fêter » ses quatre vingts cinq ans dans la maison de retraite qu'elle a rejointe, se remémore son existence et s'interroge sur ce glissement, cette salle d'attente.
Les pensionnaires de cette maison de « retraite » ne sont pas physiquement maltraités....L'inacceptable, l'intolérable ce n'est pas seulement les violences physiques qui ont défrayé la chronique mais les petites violences psychologiques de tous les jours.
Le vieux qui perd son identité, qui est devenu la mémé, qui doit manger à 18 heures du soir et qu'on colle devant la télévision.
Julienne cherche à rencontrer et à faire parler ses « collègues ». Chacune et chacun se raconte dans le cadre de groupes de paroles ou de mensonges, mais qu'importe. Elles n'ont plus 80, 90 ans ou plus jusqu'au moment où, interrompues par la « surveillante », elles sont dégrisées... »Elles ont réintégré leurs corps de vieille ».
Tout est réglé, contrôlé au millimètre dans ces maisons et gare au contrevenant qui bouge l'ordre établi
Les vieux sont là pour glisser tout doucement, pour perdre leurs repères, oublier leur toilette... C'est vraiment cela que la société réserve à ses aînés!.
Le roman vous prend aux tripes et avec une finesse d'écriture, l'auteure nous fait partager son inquiétude, sa colère ….
C'est la vérité qui sort de la bouche de ces anciens qui livrent leur réflexion sur la vie et leur regard :
« Je ne reconnais pas mes enfants....Ils sont ridés, bedonnants et blanchis. Moi j'ai fait des bébés ronds et roses, je vous le garantis. Le pire de la vieillesse, c’est ça, c'est la décrépitude de ses enfants. »
Accrochez vous s'il le faut mais lisez ce livre qui traite d'une question essentielle pour nous, nos proches, pour tous, celle du sort que la société réserve encore à ses aînés.
Oui, je sais on a fait des progrès mais ne doit-on pas encore réfléchir et agir afin de faire que le quatrième, voire le cinquième âge se passe le mieux possible pour ceux qu'on a aimé et qu'on aime tant!
Jean-François Chalot
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