Nous étions une quarantaine, ce soir, sur la place Saint Jean, pour ce cercle de
silence axé sur la dénonciation et le refus de l'enfermement des enfants.
Cercle de silence au même endroit que d'habitude avec la banderole habituelle et
quelques grandes photos d'enfants, déroulement d'une grande banderole autour de
la fontaine Saint Jean et distribution de tracts sur la place et même sur les
terrrasses des cafés!L'heure de silence s'est terminée par la lecture d'un poème
ecrit et lu par Monique Bellas(RESFProchain
cercle de silence : MARDI 24 AVRIL à 18h00.
N'hésitons pas à en parler autour de nous.
Enfances raflées en bleu-blanc-rouge
Ils ont cinq ans, trois ans,… descendus du fourgon – blanc, le fourgon, blanc
Tête brune, tête blonde, ils n’ont vu que quelques pauvres fleurs, jaunes
Comme eux derrière des grilles, de bien pauvres fleurs – jaunes, les fleurs, jaunes
Ils ont salué les fleurs jaunes, longtemps, longtemps, près du fourgon - blanc
La mère et le bébé, descendus du panier à salade – blancs ces nouveaux paniers - blancs
Les policiers se font discrets – bleus ces policiers, et jeunes, d’un bleu discret
Des militants sont venus, souriants, inquiets, souriants pour cacher l’inquiétude
Et les avocats sourient aussi ; les avocats - en noir, les avocats - se montrent confiants.
Dix heures, midi, deux heures… dans la cour les heures s’égrènent – rouges, les heures, rouges –
Qu’ils sont sages ces enfants, les plus grands – si petits pourtant – n’ont rien dit
Pendant l’audience, ils ont fait silence. Bébé Alicia seule a pleuré, protesté - tout rouge
Des heures, dans la cour du Tribunal, les policiers, la femme et les enfants reviennent
Sous le soleil de plomb, entre les fourgons blancs, les policiers bleus, les avocats en noir…
Et les militants, le rouge au front – rouge de honte, le nouveau rouge du drapeau français.
La jeune femme, elle, garde un calme parfait, confiante dans nos couleurs. Par ses enfants
Lucas, Nicole et Alicia nés, ici, en France, par ses amis, par ses voisins depuis sept ans
Elle a confiance. Elle espère en notre justice, ne craint pas notre police d’avant-avant-hier soir
Raflée dans la Creuse, devant chez elle, avec ses trois petits. Embarqués comme ils étaient
Sans rechange, sans rien – pour sept heures de route – pour des jours de rétention
Trois nuits déjà qu’ils sont au Mesnil-Amelot, près des avions – avec maman, en prison
Maman sourit, bébé Alicia s’agite, mais les cinq ans de Lucas savent que l’heure est grave.
Il ne s’éclairera qu’au verdict : les bras au ciel, le sourire lumineux – il a entendu « annulé »
Annulée l’obligation de quitter le territoire français, annulée la rétention, annulée…
Comment a-t-il compris si vite ce mot magique qui annule les soucis ? Mystère de l’enfance
Annulée les décisions, mais pas effacées les souffrances des enfants raflés, raflés en France.
Monique Bellas
TA- Melun – septembre 2011
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