Colloque de Vaux le Pénil
Samedi 24 novembre 2012
Conclusions de Jean-Marie BONNEMAYRE
Président du CNAFAL
- Ce fut un colloque riche en interventions de différentes origines, en témoignages, en constat de la situation à un moment de l’actualité tout à fait opportun. La synthèse n’est donc pas facile.
- J’ai constaté malgré mes origines différentes une très grande convergence :
· Pour constater qu’il y a dorénavant une grande reproduction sociale de la précarité et de la pauvreté.
· - La dépendance de plus en plus grande des précaires à l’égard du soutien et de l’aide sociale bénévole qui ne dépend pas du secteur public.
· - L’insuffisance des revenus sociaux (RSA, AAH, API) ne permettant pas structurellement aux familles d’assurer des charges incompressibles (logement, énergie, accès aux soins etc.),
· - La dénonciation des politiques « ségrégatives » et des logiques institutionnelles d’exclusion à l’égard des plus pauvres qui entraîne une perte de solidarité et derrière un discrédit des institutions politiques du fait de l’impuissance constatée sur le terrain face à la marée montante de la précarité.
· - L’endettement est devenu chronique : chaque institution engage des poursuites : dette d’hôpital, cantine scolaire, bailleurs, etc.… Ces poursuites qu’on sait vaines n’ont-elles pas pour but de culpabiliser les pauvres,
· - Pour les jeunes le vrai problème est l’absence de ressources sur la tranche d’âge 18-25 ans ou 20-25 ans qui est devenu dramatique ; les pupilles de la nation, les enfants placés qui arrivent à leur majorité ne bénéficient plus d’aucune aide ; cela revient à les « jeter » à la rue ; et bien souvent des parents précaires « jettent » ou « poussent à la rue » les jeunes adultes qui se « débrouillent » comme ils le peuvent… vivier de l’économie souterraine…,
Le CNAFAL rappelle à cet égard que depuis 1978 il réclame et porte auprès des pouvoirs publics la mise en place d’un revenu pour l’autonomie des jeunes de 18 à 25 ans mais aussi la mise en place d’un revenu social garanti pour tous. Le candidat Hollande s’était engagé en faveur d’une vraie politique à l’égard de la jeunesse.
Un chiffre avait été émis 14 milliards d’euros.
Peut être faudra-t-il effectuer à un moment des révisions déchirantes dans le champ de la politique familiale ? Il est impensable que notre société continue à sacrifier ses jeunes qui sont l’avenir de la Nation.
· - Nous sommes tous obligés de constater que la « lutte pour la survie » (10 millions de gens vivent en dessous du seuil de pauvreté) entraîne des comportements égoïstes, conflictuels entraînant une société violente : les pauvres sont accusés d’être fraudeurs, assistés, etc.… alors qu’il y a une vraie identité sociale de cette catégorie de la population qu’il ne faut pas enfermer dans des discours discriminants ou d’impuissance. Ils méritent écoute, respect et soutien.
· - Certes cette lutte contre la misère permet de garantir la « paix sociale » comme le dit ATD Quart Monde dont l’action est plus que respectable mais il faut avoir une vision politique de la précarité ; celle-ci n’existe et les pauvres avec que parce que c’est la condition aussi pour qu’existe une classe de rentiers qui n’a pas besoin de travailler et qui vit richement de ses produits financiers ou immobiliers et qui ne cesse d’amasser dans une course folle à la distinction sociale.
· - Ce qui nous ramène aussi à la politique, auxquels je ne jette pas la pierre même si certains ne se rendent pas compte qu’ils vivent sur une poudrière sociale. En 2008, dans le « Familles Laïques » de la rentrée dans le contexte de l’éclatement de la crise financière que l’on connaît, je faisais le constat que les politiques avaient perdu le pouvoir au profit des financiers et des économistes. L’ont-ils regagné au jour d’aujourd’hui, je ne le pense pas ! Il y a des rapports de force à inverser.
· - Enfin dernier point pour revenir au social : la force du réseau, la mutualisation des pratiques, le partage des solutions est un atout. Chaque association dans son coin rencontrera des limites. Regroupés nous seront plus percutants. A cet égard, j’ai trouvé que l’idée de signer avec une mutualité un contrat de groupe pour assurer aux précaires une couverture sociale (maladie, logement, ?????) pour une somme raisonnable est intéressante et mérite attention.
· De même, il faut s’interroger aussi sur l’accompagnement social de la part des institutions, qui est en déshérence du fait de la RGPP, de la compression des budgets.
- Il faut se dire et nous avons eu un exemple avec la mise en place dont on nous a parlé des « réseaux de soins » qui allie bénévoles et professionnels, qu’il y a toujours quelque chose à faire quelque soit la place que nous occupons ou les responsabilités que nous avons. C’est ainsi que en tant que Président de CAF jusqu’à l’an dernier, je n’ai pas hésité à regarder de près l’accueil, les files d’attente, la manière dont sont traités les allocataires car maintenant tout est minuté, tout comme je me suis intéressé de près à la manière dont sont menés les enquêtes pour fraude qui se révèlent infinitésimales.
- Les injonctions des appareils administratifs et de gestion vers toujours plus de rationalité économique et financière, de résultats font trop souvent oublier l’humain ! Et après on s’étonne de voir un suicide dans un hall d’accueil de CAF ou lors d’une expulsion locative et on est loin de la première fois !
· - Au cours de cette matinée, j’ai ressenti ce besoin d’humain qu’en langage républicain on appelle la fraternité qu’est le contraire de la guerre de tous contre tous lorsqu’on met en concurrence les salariés (es), les statuts, les territoires, les pays, la fiscalité, les systèmes de protection sociale. Souvenons-nous de la phrase de De Gaulle en 1945 lorsqu’il s’est agi de construire la Sécurité Sociale : « il est essentiel que le patronat participe et s’implique financièrement dans la cohésion sociale de ce pays ; pour ne pas l’avoir fait avant la guerre, on a eu la barbarie… »
Intervention de M. BONTOUX
- La santé des enfants et des jeunes doit être une préoccupation majeure pour l’État et les collectivités locales.
Pour sa part, le département contribue à une politique de prévention dès le plus jeune âge avec la Protection Maternelle Infantile plus couramment désignée par le sigle PMI.
Tout au long de la vie des jeunes seine-et-marnais, le Conseil général participe, au travers différents dispositifs, à les aider et les accompagner, que ce soit avec le Fonds d’aide aux jeunes (FAJ), les politiques jeunesses, les politiques éducatives, …
La protection de l’enfant, qui est une des toutes premières missions des conseils généraux, met bien évidemment au cœur de ses préoccupations la santé physique et psychique des jeunes.
- Les Maisons Départementales de la Solidarité (MDS), antennes sociales du département dans les territoires, travaillent de concert avec les équipes de prévention spécialisée, les missions locales, les associations et l’éducation nationale pour construire ensemble une chaine de solidarité autour des jeunes.
De multiples actions sont menées, nous pouvons évoquer celles sur l’addiction auprès des adolescents, particulièrement dans le cadre du collège, permettant ainsi de mettre en avant les risques pour la santé de chacun. Mais cela va aussi, au-delà de ces problèmes, en abordant des questions plus générales comme celle du sommeil ou de l’alimentation, bref ce qui fonde l’hygiène de vie d’un être humain.
- Citons également le Planning Familial qui joue un rôle important notamment pour les questions de contraception.
Si nous avons aujourd’hui un ensemble de services publics et d’associations qui œuvrent pour la santé de la jeune génération, force est de constater le manque criant de moyens humains dans certains domaines. Je pense à ce titre à la médecine scolaire, à la pédopsychiatrie, et bien d’autres encore, dont le Conseil général a pu faire remarquer l’insuffisance criante en Seine-et-Marne.
- Travailler ensemble pour la santé de nos enfants est un engagement quotidien des services publics, des parents et des associations. Mais cela passe aussi par l’augmentation des moyens que l’État doit mettre dans notre système de santé publique.
Jean Pierre Bontoux
1er Vice-Président du Conseil général
En charge de la Jeunesse, des Sports et de la Prévention Spécialisée
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