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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 21:27

Alain Bentolila, le linguiste qui est venu au salon littéraire de Vaux le Pénil il y a deux ans ne pourra pas venir cette année car il est à l'étranger.

Le titre est étonnant, vous serez vite conquis !

Suite à la présentation de son livre , vous trouverez un large extrait qu'il nous a enoyé pour publication.

Qu'il en soit remercié !

bentolila.jpg

 

 

« Comment sommes-nous

devenus si cons ?

livre d’Alain Bentolila

First éditions

183 pages

Septembre 2014

 

                                               Au-delà de la colère…..

 

Le titre accrocheur est étonnant, venant d’Alain Bentolila, linguiste apprécié.

Il s’agit évidemment d’un titre plein :  dès les premières lignes le lecteur s’aperçoit qu’il possède un

document intéressant, fouillé et argumenté et non un simple manifeste.

L’auteur s’attaque à notre intelligence collective mise en péril, dangereusement par le repli identitaire, l’entre soi  et une certaine paresse intellectuelle qui nous fait « surfer » sur internet, réduire à quelques centaines de mots notre champ lexical.

L’auteur s’en prend aux politiques qui, tentés par le populisme n’argument pas.

Ils masquent  une indigence de pensée en se servant d’une « rhétorique de bazar »

Le trait est dur mais ni grossier, ni proclamatoire.

Alain Bentolila qui est aussi un chercheur s’appuie sur une enquête et une analyse des discours.

Ce n’est pas de l’indignation dont il s’agit mais de  la résistance :

« Il est si facile de s’indigner, surtout lorsqu’on est quelques milliers à scander des slogans sur une place ou sur des réseaux sociaux. Il est infiniment plus difficile de résister en agissant chacun au coin de sa rue ; en construisant chacun pierre après pierre des projets utiles que l’on pourra partager. »

Cela ne veut pas dire que la manifestation est inutile si elle est une continuation d’un travail de terrain.

La culture avec un grand c soit être accessible à tous .

A quoi sert l’école si tout est joué à la naissance comme l’affirme certain.

L’école doit être un lieu de résilience permettant à des enfants-élèves de milieux modestes très modestes, de réussir.

Il faut redonner le goût de l’effort.

L’auteur en appelle à l’intelligence, au refus du faux débat entre « modernistes » et « conservateurs ».

Quant au numérique, s’il n’est pas intégré dans le cadre d’une démarche pédagogique rigoureuse, IL restera un outil gadget.

« ….refusons ce rêve d’une classe dans laquelle chaque élève irait chercher tout seul ses informations au gré de ses désirs, de ses envies ou des tentations qui lui sont proposées » par des moteurs de recherche qui ont leur propre classement par audience et non par rigueur scientifique.

La rigueur, l’écoute de l’autre, l’argumentation grâce à une meilleure maîtrise de la langue comme vecteur d’échange et de co-construction  constituent des outils au service d’une démarche qui rejette la passivité, le communautarisme et une vision « tronquée et stéréotypé » ».

 

Jean-François Chalot

 

Cher ami,

je ne serai pas en France à cette date. désolé!! 

Je suggère ce passage:

 

De mensonges en manipulations, de complaisances en lâchetés, notre intelligence collective se délite jour après jour. Et pendant ce temps là les zélateurs d’une modernité triomphante célèbrent stupidement  l’avènement d’un   « monde nouveau »  assujetti à la proximité et à  l’immédiat, résigné à l’imprécision, soumis au prévisible, abandonné au  consensus mou, séduit par le repli communautaire et dominé par  la peur de l’autre.

Sommes-nous pour autant victimes d’un complot ourdi par des forces obscures décidées à saper les fondements de notre civilisation? Non ! Non ! Rien de tout cela ! Ne cherchons  pas ailleurs qu’en nous même les responsables de cette décadence intellectuelle. Nous avons oublié que, si  nous devons résister à la passivité et à la bêtise, c’est certes   pour nous-mêmes mais surtout pour ceux qui nous survivront. Et c’est donc bien notre peur de regarder plus loin que nous (pas plus haut, plus loin !) qui nous a rendus si complaisants. Tous coupables d’avoir négligé notre premier devoir : transmettre à nos enfants, par l’exemple des combats que nous aurons menés pour le vrai et le beau, le désir de construire un monde meilleur que celui que nous leur aurons laissé.

Nous sommes devenus cons parce que nous avons renoncé à cultiver notre intelligence commune comme on cultive un champ pour nourrir les siens. Oubliés le questionnement ferme, le raisonnement rigoureux, la réfutation exigeante ; toutes activités tenues aujourd’hui pour ringardes et terriblement ennuyeuses, remplacées par le plaisir immédiat,  l’imprécision et la lâcheté. Parents, enseignants, politiques, nous sommes devenus  incapables de défendre les valeurs culturelles, sociales et morales  qui font notre cohérence et nous leur avons préféré les apparences identitaires,  filles de  l’entre soi. Ne nous trompons pas d’ennemi ! Ce n’est certainement pas la diversité culturelle que nous devons combattre, c’est le danger d’une véritable « consomption culturelle » que nous devons affronter ; celle qui verra nos mémoires vides errer sans but dans un désert aride.  Cette bataille c’est la  seule qui compte parce qu’elle ne se livre pas contre d’autres groupes, contre d’autres communautés mais avec tous ceux qui, sans se renier, acceptent de construire ensemble le sens  de ce qui les unit.

Du « à quoi bon ! »   au « après moi le déluge ! » il n’y a qu’un pas que nous franchissons chaque jour allègrement en nous vautrant dans la prévisibilité d’un audiovisuel débile, en nous abandonnons à l’aléatoire dangereux du web,  en acceptant que notre école devienne une machine de reproduction sociale, en tolérant que nos politiques insultent quotidiennement notre intelligence, enfin en laissant abîmer le sacré jusqu’à en faire un masque hideux. Et nous   livrons ainsi nos propres enfants à l’inculture et aux ombres trompeuses.

A ceux qui sont contraints de confier trop tôt leurs tout petits à l’institution sans oser se poser la question essentielle  de l’attachement ; à ces jeunes livrés à un monde dangereux sans qu’on leur ait donné la formation   intellectuelle nécessaire pour en dénoncer les mensonges ;  à ceux qui, cachés derrière leur écran, n’osent plus regarder l’Autre dans les yeux ; à ceux qui , prisonniers de l’entre-soi,  sont terrorisés par l’inconnu et exaspérés par le différent ; à ceux que l’hypocrisie ,  la bêtise et la barbarie ont détourné de  l’idée même du spirituel; enfin, à tous  « ceux que l’on foule au pied » . A tous, ce livre est dédié !

 

 

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