Jean François CHALOT
Avant de donner la parole, je souhaite préciser qu’il existe des réseaux qui fonctionnent bien sur la Communauté d’Agglomération :
Sur Vaux-le-Pénil, nous avons un réseau, «le transport solidaire», dans lequel plusieurs associations travaillent ensemble : le Secours Populaire, le Secours Catholique, Familles Laïques, France Bénévolat. Il vient en aide aux personnes en difficulté qui n'ont pas de véhicule.
Un autre réseau, «le Cercle de Silence», existe sur la Communauté de l’Agglomération et même au-delà.
Et puis il y a aussi le réseau collectif «Info dettes », pris en charge par le Secours Populaire, Familles Laïques, Familles Protestantes, CSF….
DEBAT
RESOLIS est une jeune association qui existe depuis 2010. Nous avons pour objectif de lutter contre les problèmes de précarité, mais sous un angle différent : nous n’intervenons pas directement auprès du public, nous sommes une association au service des associations, et plus largement, des acteurs de terrain. Nous avons rencontré RESO77 il y a à peu près un an, et ce qui a retenu notre attention, c’est la transversalité de RESO et le fait que le dénominateur commun de leurs adhérents était le territoire, ce qui est vraiment un enjeu dans la mise en œuvre des actions sociales. En effet, il faut savoir qui est sur le terrain, comment nouer des liens et comment prendre le temps de travailler ensemble alors que chacun a ses objectifs et ses contraintes. Accompagnés de quelques étudiants, nous avons pu voir le fonctionnement de RESO77 et de ses adhérents.
Par rapport au fonctionnement et à la création du réseau, vous nous avez dit : "On a besoin de s’exprimer, on est en recherche de coordination et on cherche à mutualiser nos moyens." En fait, RISOLIS essaye d’être facilitateur dans les actions entreprises par les associations. Nous fournissons quelques outils pour aider les acteurs à optimiser leur manière d’agir. Concrètement, ce sont des comptes-rendus d’actions sur le terrain. Toutes ces informations sont mises à disposition en accès libre et gratuit sur internet - ce qui permet aux personnes de s’exprimer de façon individuelle, mais aussi de se rendre compte qu'il existe beaucoup de convergences dans les informations collectées.
Toute cette information rassemblée donne plus de force à ce qui se passe localement : nous proposons de nous rencontrer et d’échanger les retours d’expériences pour vous coordonner.
Nous proposons d’accompagner les associations pour dire de manière objective quels ont été leurs résultats, quelles difficultés elles ont rencontrées, et comment elles ont dépassé les obstacles. Nous mettons en relation les acteurs de terrain pour qu’ils échangent leurs bonnes pratiques afin de s'enrichir les uns les autres. Nous proposons quelques outils pour aider et améliorer, à notre échelle, le progrès social.
Nous proposons la mutualisation sous deux formes :
- mettre en relation les acteurs autour de grandes thématiques, par exemple un programme qui s’adresse spécifiquement à la précarité énergétique.
- organiser des rencontres pour rassembler les acteurs qui répondent directement à ce problème afin de nouer des échanges et faire évoluer des pratiques.
MARIANNE : Militante depuis longtemps je m’inscris un peu en froid avec ce qui est dit : la communication, se mutualiser, internet, faire des listes, c’est ce qui explique l’échec du mouvement social. Je serais ravie que cela soit la bonne solution, mais je ne le pense pas. Je suis d’accord pour entrer dans un réseau local de solidarité, mais je ne n'ai pas tout compris : «RESO77» et «RESOLIS», quelles sont vos actions pratiques sur le terrain ? Qu’avez-vous amélioré ? Qu’en est-il ressorti ? Je veux bien qu’il y ait des gens qui viennent donner des coups de main en nous mettant en relation, mais au bout de quarante ans de militantisme, on a un sacré réseau ! Bien sûr que c’est bien de se retrouver et d’élargir notre réseau, mais notre réseau est là ! Je crois qu’il faut savoir ce que c’est qu’une association : il y a des associations de loi 1901 et des associations missionnées par l’Etat, par la Préfecture. L’Etat français a donné beaucoup de missions : par exemple les handicapés, le logement social.
Nous recevons dans nos permanences de Souffrance au Travail de plus en plus de salariés d’associations qui sont horriblement mal payés et mal traités. Je trouve qu’il faut balayer devant sa porte et voir un petit peu comment on fonctionne.
Sylvie CHRISTOPHE : Présidente de Famille Laïques de Melun, je fais également partie de la grande formation 'Info Dettes" et du DAL77 dont mon mari est président,
Nos associations travaillent ensemble depuis le début de l'année sur de nombreux dossiers de familles en grande précarité : problèmes de surendettement, problèmes énergétiques, problèmes d’expulsion locative.
Nous sommes très attachés au réseau associatif, parce que dans certains dossiers nous avons eu des soucis avec la CAF ou la Sécurité Sociale. On a beau avoir beaucoup de volonté, on ne peut pas résoudre les problèmes des gens tout seuls : il nous a fallu faire appel aux CCAS des Communes, au Conseil Général, à la Préfecture, à des associations, et il est tout de même mieux d’avoir déjà des liens avec toutes ces personnes, bien se connaître, savoir quels sont les rôles de chacun, pour avancer positivement dans les dossiers. Bien et vite. En effet, lorsque les personnes commencent à avoir des problèmes, elles frappent un peu à toutes les portes et créent ainsi des obstacles.
L’année dernière au mois de juillet, nous nous sommes retrouvés, mon mari et moi, sans eau et à deux doigts de l’expulsion. S’il n’y avait pas eu ce travail des associations, de la Mairie de Melun, du Conseil Général, de la Préfecture, du DAL de Paris, tout ce travail commun, on nous aurait retiré notre bébé et nous nous serions retrouvés à la rue. C’est pour des raisons comme celle-ci qu’il faut absolument travailler ensemble et je pense que Fabienne a voulu dire qu’elle ne contraignait pas les gens à travailler ensemble, mais qu’elle proposait juste de les présenter les uns aux autres pour qu’ils voient ce qu’ils peuvent en retirer. Cette association nous permet de passer les étapes, et les présentations étant faites, de gagner du temps pour aider les familles.
JULIEN : Association secteur Coulommiers, jeune adhérent de RESO77. Je voulais revenir sur l’importance d’un réseau. Nous nous sommes créés en début d’année, et nous avons été surpris de voir que chaque association travaillait sur son domaine, sans mutualiser.
Nous nous sommes donc rapprochés de RESO77 pour travailler la mutualisation. Par rapport à ce que Marianne a dit précédemment, il est vrai que l’objectif de notre association est d’éviter aux personnes de se retrouver à la rue en proposant des hébergements-tremplins, mais notre objectif est de donner l’information à la personne, une information efficace, et pour cela la seule manière de faire est d’avoir un réseau de partenaires où l’on sache qui fait quoi. C’est ce qui manque énormément sur notre secteur : nous nous retrouvons avec des CCAS qui ne savent pas faire une demande d’HLM.
L’importance d’un réseau est là pour casser cette stigmatisation et surtout pour informer les personnes qu’il existe des structures et des associations qui peuvent les aider. On n’est pas là pour faire le travail des personnes ou des associations ou des institutions qui le font déjà bien, mais juste pour donner l’information : il faut aller vers les gens. Mutualisation et réseau, OUI !
Fabienne RESO77
Je reste persuadée de l’intérêt des réseaux, même si je suis persuadée que l’on ne doit pas rentrer dans tous les réseaux et dans n’importe quel réseau - et puis il y a des moments où l'on n’en a pas besoin. Il n’y a aucune obligation d’appartenir à un réseau : on y va parce qu'à un moment donné on en a envie ou besoin. Lorsque j’ai créé RESO77, ce devait être une grande plateforme. C’était une envie de partager avec l’autre : l’autre a besoin de nous et on a besoin de l’autre ; en aucune manière ce n’est une obligation. Cependant je pense que l’actualité du moment et les difficultés que rencontrent les associations, amènent à une nécessité de travailler avec l’autre, sans obligation d'un réseau formalisé. Moi, je viens des centres sociaux, et les centres sociaux sont la base première (locale) d’un rassemblement de partenaires. Il y a vraiment une nécessité : on crée tous notre réseau. L’intérêt de RESO77 est sa transversalité et moi ce que j’aime, c’est lorsqu’une association nous remercie de lui avoir fait rencontrer une autre association - qu'elle n'aurait jamais rencontré autrement. Je prends pour exemple un établissement pour personnes handicapées qui a rencontré l’association «Culture du Cœur» oeuvrant pour une culture accessible à tous. C’est une très très belle association. Ils ont créé un partenariat !
Je crois aussi au partenariat : on ne peut pas tout faire. Il faut s‘associer à des associations comme RESOLIS pour mettre en valeur le travail que font les associations de terrain et apporter quelque chose à nos adhérents. Comme l’a dit Agnès (RISOLIS) on n’est pas une association opérationnelle, on n’est pas avec le public. Je sais ce que l’on vit dans les associations ; nous, nous n’avons pas d’urgence.
RESOLIS : nous avons créé un partenariat avec URIOPSS (Union Régionale Interfédérale des Organismes Privés Sanitaires et Sociaux) parce qu’ils ont des compétences techniques et juridiques que nous n’avons pas.
Parfois on nous appelle aussi pour une expertise.
RESOLIS
Nous ne nions pas du tout que les associations fonctionnent déjà en réseau à leur échelle et c’est ce qui nous intéresse.
L’association RESOLIS fait de la communication, mais pas que de la communication, car ce serait réducteur : nous sommes intéressés par le savoir des associations. Toutes les informations des acteurs de terrain ont une utilité pour tout le monde : pour celui qui les formule, mais aussi pour les autres associations, pour les bailleurs (au niveau local), pour les institutions publiques (en vue d’orientations futures). Certaines ont déjà obtenu des financements parce que nous leur avons proposé de présenter différemment leurs résultats pour correspondre aux critères de financement, qui sont de plus en plus exigeants, ce qui a valorisé leurs actions. Toutes les associations doivent pouvoir bénéficier de ce savoir-faire pour bénéficier des bonnes pratiques et essayer d’éviter certains échecs.
Par exemple : nous avons un programme qui se concentre sur l’alimentation responsable. Nous avons identifié plus d’une centaine d’initiatives locales inconnues et nous les portons à la connaissance des politiques afin qu’ils s’en inspirent.
Les savoir-faire des associations sont une vraie richesse.
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