L'enfer carcéral dans la littérature
Il existe beaucoup d'ouvrages écrits par des journalistes ou des anciens détenus sur les prisons en France.
Le premier livre que j'ai lu : « de la prison à la révolte » de Serge Livrozet m'a beaucoup plu et impressionné. Je m'étais d'ailleurs engagé dans le soutien aux prisonniers pour une humanisation de la détention....
On naît pas délinquant, on le devient et parfois il s'agit d'un incident personnel, d'une longue descente aux enfers....
Jean François Chabas se risque à l'écriture et à la diffusion d'un petit livre à destination d'un public jeunesse...Le produit fini mérite d'être connu
Aurélien Malte
de Jean François Chabas
livre de poche jeunesse
juin 2012
124 pages
4,95 €
L'écriture peut sauver
Aurélien Malte attend sa libération prochaine après un « séjour » en prison de 13 longues années...
Il n'est pas impatient de sortir, il a encore un an à tirer et est quelque peu inquiet pour la suite, pour ce prochain temps de liberté retrouvé.
Aurélien dans son malheur a eu la chance de rencontrer Anne une visiteuse de prison qui s'est intéressé à lui sans d'ailleurs lui poser la « question qui tue » : « Pourquoi êtes vous ici? Vous êtes emprisonné pour meurtre, de quel meurtre s'agit-il, en quelles circonstances? »
La réponse à la question non posée finira d'ailleurs par tomber, c'est d'ailleurs un événement dramatique qui n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe...c'est inscrit non dans les gênes d'Aurélien mais dans son histoire personnelle.
Le livre, émouvant est constitué de l'ensemble des lettres que le prisonnier écrit à Anne sans d'ailleurs oser lui envoyer!
Aurélien raconte sa vie en prison, l'enfer carcéral, c'est à dire l'isolement, les brutalités entre prisonniers, une violence insupportable où seuls les plus forts s'en sortent avec de moindres dégâts.
Sauve qui peut! Chacun cherche une voie pour s'en sortir ou du moins pour que le temps passe plus vite : c'est pour son nouveau compagnon de cellule « Gabin » les petites figurines et pour lui c'est l'écriture qui lui permet un retour sur lui même, une réflexion, voire une rédemption par la culture.
Le livre est émouvant et si au début je m'interrogeais pour savoir si la jeunesse était la bonne cible, je me suis laissé convaincre : l'écriture court sur le papier, le personnage est attachant, ce n'est pas un « bisounours », il l'explique bien.
Il est utile et nécessaire que les jeunes puissent savoir ce qu'est la prison... non seulement pour éviter de s'y retrouver un jour mais pour comprendre que la société dans lequel ils vivent, « ce n'est pas le Pérou » et que beaucoup de réformes sont à faire, y compris celui qui touche l'emprisonnement pour délits.
Aurélien est amoureux de sa visiteuse...Est-ce un amour sans réciprocité ou une petite lumière qui luit de plus en plus fort.
Ce qui est certain c'est qu'Aurélien n'est plus le même homme, il réfléchit et rejette même la violence et la haine qui l'ont habité :
« La haine peut représenter, à court terme, une formidable colonne vertébrale. Elle donne l'illusion de la force, alors qu'elle vous détruit, et détruit tout ce que vous touchez. »
Jean Bouet