Je tiens tout d’abord à remercier Patrice THEVENY, Président de Familles Laïques de Vaux le Pénil et son conseil d’administration de m’avoir fait l’honneur de m’inviter ce matin
Et aussi Jean-François CHALOT en sa qualité de Secrétaire Général du CDAFAL 77 de m’avoir sollicitée au titre de mes fonctions de Conseillère Départementale pour soutenir l’organisation de ce colloque.
Comme plusieurs d’entre vous le savent en effet, je suis toujours attentive non seulement aux initiatives de tous ceux qui œuvrent pour l’amélioration des conditions de vie des habitants de notre territoire,
Mais aussi aux grandes difficultés que rencontre une partie importante de la population de notre bassin de vie, que ce soit en ce qui concerne leurs conditions de vie les plus basiques comme pour ce qui est de leur accès au droit.
Et le thème qui a été retenu cette année pour ce colloque relève bien de cette question de l’accès égalitaire aux droits qui fonde notre République. Et ce dans le contexte très directif qu’a instauré la toute jeune Loi pour une République Numérique du 7 Octobre 2016.
Monsieur le Président, vous m’avez indiqué que le but de ce colloque était de faire le point sur la situation et de dégager des pistes de réflexion.
C’est pourquoi il m’a paru intéressant de vous parler succinctement de l’expérience que le Conseil Départemental mène depuis 2011 en direction des collèges via les Espaces Numériques de Travail (ENT) et plus récemment via le dispositif Cantinéo.
En ma qualité de conseillère départementale je suis membre du conseil d’administration de tous les collèges de mon canton, c’est-à-dire des 5 collèges publics des alentours : La Mare aux Champs, Pierre Brossolette, Jacques Amyot, les Capucins et Frédéric Chopin.
Parmi ces collèges 2 sont en REP (Réseau d’Education Prioritaire) et 1 en REP+. Ils accueillent donc des élèves issus de familles souvent modestes, issues de la diversité, migrantes et au sein desquelles, pour environ 45% d’entre elles, on ne parle pas Français.
Or, on constate que ces collèges se sont approprié différemment cet outil numérique qu’est l’ENT :
- A Jacques AMYOT c’est la relation avec les parents d’élèves qui a été privilégiée
- A la Mare aux Champs, l’équipe pédagogique s’est approprié le principe et la mise en place du cahier de texte numérique
- Le collège des Capucins a joué la carte multimédia
Cette appropriation, qui fait le succès de l’ENT a été rendue possible par le fait que le Conseil Départemental a mis à disposition des équipes pédagogiques des outils, mais n’a pas cherché à imposer des solutions.
Les techniciens ont servi de médiateurs, de facilitateurs pour les enseignants et les principaux, qui sont restés seuls décisionnaires de leurs choix d’utilisation de ces outils.
La prochaine étape va consister à proposer l’utilisation de cet ENT aux écoles primaires et aux lycées afin qu’il y ait une continuité dans l’utilisation de l’outil.
On touche ici à une caractéristique fondamentale de la transformation numérique : celle-ci se fait de manière d’autant plus constructive qu’elle est partagée et déclinée à tous les échelons de la société (ici les communes pour les écoles, le Département pour les collèges et la Région pour les lycées) dans une logique de proximité et de co-construction.
En ce qui concerne CANTINEO, l’expérience est beaucoup plus récente, puisqu’elle date de la rentrée scolaire 2016.
CANTINEO est une aide financière apportée par le Conseil Départemental à la restauration scolaire des collégiens. Cette aide, pour être obtenue, doit être demandée via une télé procédure.
Pour préparer l’utilisation de ce télé service, au printemps 2016, les familles ont reçu un courrier d’information les avisant qu’elles devraient remplir un formulaire en ligne à la rentrée. Mais dans les collèges en REP et REP + les familles n’ont pas prêté attention à ce courrier, soit parce qu’elles ne lisent pas le Français, soit parce qu’elles n’ont pas compris le caractère contraignant de la télé procédure.
En conséquence, à la rentrée 2016, beaucoup moins de familles ont demandé à bénéficier de l’aide à la restauration scolaire. Et ce sont les gestionnaires des collèges en question qui ont dû faire venir les familles – ou parfois les collégiens seuls- pour remplir les dossiers en ligne, car même les collégiens n’étaient pas capables de les remplir.
Dans ce cas précis, on peut considérer que notre démarche, qui s’inscrit cependant dans la droite ligne de la loi pour une République Numérique et qui a fait de notre collectivité un organe innovant, n’a pas été immédiatement opérationnelle et a même eu des effets sur le moment contre productifs.
Nous devons reconnaître dans ce cas que nous avons manqué d’anticipation et que nous avons zappé la phase d’expérimentation qui nous aurait permis de détecter les faiblesses du dispositif.
De ces 2 expériences, Mesdames, Messieurs, voici ce que je retiens :
- L’innovation, qui va de pair avec la transformation numérique, c’est une autre façon de penser
- Cette autre façon de penser implique de ne plus réagir en compétences mais nous incite à travailler en réseaux, afin de co-constuire les solutions adaptées aux usages des utilisateurs
- Ces solutions doivent impérativement être déclinées en proximité et c’est pourquoi les acteurs locaux doivent absolument être associés à cette co-construction dans une démarche de partage des compétences
- L’appropriation des outils numériques ne peut se faire que par le recours à des médiateurs, des facilitateurs, impliqués localement dans une démarche respectueuse de l’humain.