Discours de Colette Llech, Maire-Ajointe le 8 MAI 2017 devant le monument aux morts de Vaux-le-Pénil
M. le Maire,
Mmes et MM les élus,
MM les représentants des autorités civiles et militaires
Mmes et MM les représentants des associations d’Anciens Combattants et des associations patriotiques,
Mmes et MM,
Aujourd’hui :72° anniversaire de la Victoire des Alliés !
L’an passé, la distinction fondamentale entre capitulation sans condition, seule acception valable aujourd’hui 8 mai et armistice avait déjà été soulignée. Mais il faut encore et toujours insister sans cesse sur cette différence majeure, car les mots ont un sens précis. L’approximation est la première étape vers la confusion, l’oubli, enfin permettre le détournement. Et il ne faut pas compter uniquement sur la mémoire trop souvent sélective et tournée vers l’émotion, qu’elle soit personnelle ou collective.
Seule l’histoire est scientifique et il ne faut jamais cesser de s’y référer et de s’y confronter. Car ces détournements sont volontaires : il s’agit de masquer les véritables fondements politiques et les bases profondes d’organisations qui n’ont jamais peur d’affirmer avec violence, utilisant mensonges, expressions et vocabulaire connotés, les mêmes thèmes et les mêmes arguments, à peine revisités, que ceux qui ont mené à cette terrible période
Il faut donc toujours revenir aux faits, à tous les faits.
Le 8 mai 1945 a donc été, pour la France et les pays anglo-saxons la date officiellement retenue de la capitulation des armées nazies fanatisées. Celle-ci fut difficile et nécessita plusieurs étapes..
Fin avril 45, les armées nazies reculaient sur tous les fronts et on se battait à l’intérieur du 3° Reich : Les forces de l’Union soviétique étaient entrées à Berlin et avaient fait leur jonction le 25 avec les troupes américaines sur l’Elbe, les Britanniques atteignaient la Baltique, Leclerc approchait le Nid d’aigle de Berchtesgaden, de Lattre et la 1° armée française étaient en Autriche
Les dignitaires nazis ont cru, jusqu’à la dernière minute, arriver à obtenir une paix séparée pour rompre ce front unitaire constitué par les armées alliées. Dès le 3 mai, l’amiral Dönitz, nouveau chef du Reich depuis le suicide de Hitler avait envoyé des plénipotentiaires dans le plus grand secret pour contacter l’état-major d’ Eisenhower, chef suprême sur le front ouest, installé depuis février dans le collège technique de Reims. Ce fut un échec, Eisenhower exigeant une « reddition sans conditions et simultanée sur le front russe » selon les engagements pris par les alliés depuis 1941 et sans cesse confirmés. Après quelques heures d’attente, le général Jodl, chef d’état-major de l’armée allemande finit par signer l’acte de 2 pages à 2h41 le 7 mai dans la salle des cartes du collège, en présence des représentants des forces alliées dont le Général Sevez de l’état-major du Général de Gaulle.
Pendant que s’organise la cérémonie prévue à Berlin dans leGQG du Maréchal Joukov, la joie et les manifestations de liesse éclatent dans toute l’Europe. Envoyé en urgence à Berlin pour représenter la France, le général de Lattre de Tassigny, exige la confection d’un drapeau français pour décorer la salle avant l’arrivée du maréchal Keitel, chef suprême des armées nazies. Le temps passe, il est 23h et 6 minutes, ce 8 mai, heure de Berlin et donc, à Moscou, on est déjà le 9 mai, ce qui explique ce choix de cette date pour les cérémonies qui marquent la fin de la « grande guerre patriotique »en URSS puis en Russie
La guerre n’est pas finie. Ce 8 mai, restent encore, aux Pays Bas, sur les îles anglo-normandes, en France, malgré la libération de la majorité du territoire depuis fin 44,des poches où résiste une armée allemande fanatisée. La capitulation n’est acceptée que le 9 mai à Dunkerque, le 10 mai à Lorient et le 11 mai à St Nazaire.
La guerre n’est pas finie, elle continue encore plusieurs mois sur le front asiatique avec l’horreur atomique des 6 et 9 août 45, mais plus près, en Algérie, ce 8 mai qui aurait pu y être aussi un jour de joie, est marqué par la répression brutale d’une manifestation ouvrant un cycle de terribles violences, longtemps ignorées.
Cette guerre, fut une guerre contre une idéologie. Cette spécificité avait justifié la volonté de la conclure uniquement par la capitulation des nazis qui avaient voulu bâtir un monde nouveau fondé sur le racisme et mené une guerre d’anéantissement contre des peuples entiers : seule la haine d’autrui qui avait imprégné les mentalités rejetant toute forme d’humanisme pouvait engendrer pareille monstruosité.
C’est au cours d’un procès international à Nuremberg que sont jugés une partie des responsables nazis et que va être définie la notion nouvelle de « crime contre l’humanité »
Commémorer aujourd’hui, en 2017, la victoire des Alliés est pour nous une obligation toute particulière : les piliers de la République et de la démocratie : liberté, égalité, fraternité ne peuvent ni ne doivent être oubliés, ils sont le fondement de l’universalité de notre humanité et toujours fragiles. Il y a à peine une semaine nous nous sommes recueillis devant le sacrifice de ceux qui avaient refusé d’y renoncer Plus que jamais, aujourd’hui, alors que reviennent ces mêmes menaces, malgré les masques dont elles se parent, il faut rester lucide, redire avec Brecht : » le ventre est encore fécond, d’où est sorti la bête immonde » pour refuser, encore et toujours d’oublier cet idéal, notre idéal commun