Le séjour post opératoire à l’hôpital proposé par le chirurgien permet de surveiller médicalement le patient, de lui assurer une sécurité maximale.
Les médecins qui prescrivent une hospitalisation répondent à un besoin et une nécessité, c’est à eux que revient la décision.
Il ne faudrait pas que la chirurgie ambulatoire qui est pratiquée pour des interventions très particulières deviennent une réponse économique visant à réduire un déficit au détriment de la qualité des soins.
Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la santé, interrogée par le journal des échos qui publie l’interview dans son édition du 25 avril a déclaré :
« Les séjours hospitaliers doivent être moins fréquents et moins longs. C’est pourquoi je veux doubler le rythme de croissance de la chirurgie ambulatoire, qui permet aux patients d’être soignés dans la journée, sans passer la nuit à l’hôpital quand ce n’est pas justifié. Dès 2016, une opération sur deux pourra être réalisée en ambulatoire ! Des objectifs seront fixés par région et par pathologie. Pour l’opération de la cataracte, on peut tendre vers les 100 %. Dans chaque région, des programmes seront mis en œuvre pour accompagner les sorties d’hospitalisation, ce qui permettra de réduire la durée des séjours. Au total, 1,5 milliard pourra être économisé sur trois ans dans ce domaine, dont près de 1 milliard pour la chirurgie ambulatoire. »
Personne n’est à priori pour le maintien coûte que coûte des patients à l’hôpital ;
Personne n’est non plus contre la chirurgie ambulatoire quand c’est possible et que c’est correctement encadré avec la surveillance médicale de qualité de l’opéré !
Mais il est nécessaire et même indispensable que tout acte chirurgical soit suivi d’un accompagnement médical sérieux garantissant la sécurité physique et même morale du patient.
Comment va faire le malade pour retourner à l’hôpital si son lieu de domicile est éloigné ?
La douleur doit être prise en charge et on ne peut pas laisser un opéré seul chez lui, sans une surveillance médicale en relation avec l’hôpital.
Le Parisien du 28 avril dernier donne la parole à une femme de 70 ans qui garde un souvenir bien amer de son expérience :
« Son opération sous anesthésie générale, programmée en ambulatoire à 10H00 du matin, s'était finalement déroulée dans l'après-midi.
Pourtant son retour à la maison a eu lieu à l'heure prévue, son mari est venu la chercher tout juste une demie-heure après son réveil: "c'était trop tôt, trop juste, une fois à la maison, j'étais mal, complètement détraquée", décrivant "deux jours d'angoisse parce que c'était le week-end". Aujourd'hui, elle juge que sa sortie a été "trop précoce". »
C’est la déontologie médicale et l’intérêt du patient qui doivent primer.
Beaucoup de familles et beaucoup de professionnels sont inquiets par l’annonce faite par la Ministre qui met en avant les questions comptables.
Le plan gouvernemental prévoyant sur 3 ans 11 milliard d’euros de coupes dans les soins de santé, la ministre impose un plan drastique d’économies avec la fermeture de 18 000 lits hospitaliers.
Comment vont travailler les urgences saturées s’ils ne peuvent pas compter sur des lits, supprimés au profit de l’ambulatoire ?
Comment un malade opéré pourra –il être hospitalisé après un séjour chez lui si le nombre de lits est insuffisant ?
Autant de questions sans réponse.
La chirurgie ambulatoire devient ainsi une variable d’ajustement au lieu d’être une solution dans certains cas bien précis .
Cette politique d’austérité- il faut dire son nom-interdit de fait aux patients l’accès à l’hôpital par le parcours de soins.
Cette politique renforce l’inégalité devant l’accès aux soins : certains pourront solliciter sur leurs deniers un accompagnement médical approprié chez eux alors que d’autres devront de débrouiller avec les moyens du bord : la famille, les amis …..
Jean-François Chalot