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8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 11:37

 Antoine Blocier, présent au Salon Littéraire du dimanche 14 octobre 2012

animera un débat le vendredi à 20h30 

au petit théâtre de la Ferme des Jeux

Affiche 60x80 1-3 HD

 

 

 

ENTRETIEN AVEC ANTOINE BLOCIER

 

 

1ère : Les pré adolescents ne lisent plus beaucoup

Quel est votre avis là dessus comme écrivain et comme militant d'éducation populaire?

 

Les préados et la lecture... Vaste sujet ! Il n'est pas sûr qu'ils lisent moins que ceux des générations précédentes. En fait, le support papier semble en perte de vitesse. C'est sûr ! Mais quand on voit tout ce qu'ils ingurgitent comme information sur les écrans... Il est raisonnable de se poser tranquillement la question du rapport des préados à la lecture.

Ou alors, c'est le monde des adultes, pas totalement entré dans l'univers numérique, qui n'a plus ses repères habituels pour traiter ces questions. On pourrait en dire tout autant des adultes. Je le constate chaque semaine dans les salons et/ou les séances de dédicaces, la lecture "papier" diminue. Conséquence de la crise économique où les gens ont moins les moyens d'acheter des livres ? Victoire de l'image et des écrans (TV et ordinateurs réunis) ? ou manque de temps pour se consacrer à soi.

 

La lecture reste quelque chose de très individuel. Et à un âge où l'on ne rêve que de ressembler aux autres, l'image que l'on donne de soi en s'affirmant lecteur peut devenir problématique pour sa place de le groupe.

La lecture de romans, c'est entrer dans des univers. Le cinéma, la télé et les jeux vidéos font ça très bien aussi. Le seul "plus" du livre, c'est qu'on le fait à son rythme, que l'on choisit les univers que l'on veut visiter, que l'on crée les formes, les visages, les intonations des personnages... Quelles que soient les indications fournies par l'auteur. On reste maître du récit. On reste acteur de l'histoire, contrairement au visionnage d'un film.

 

Et il ne sert strictement à rien que l'adulte soit dans l'injonction : "il faut lire !". Ce qui devient une obligation perd de son attrait, car pour que la lecture favorise l'imaginaire, le jeune lecteur doit se sentir intéressé par le sujet ou s'identifier aux personnages.

 

2ème

Pourquoi avez vous écrit ce livre ?

Quel a été votre point de départ ?

 

En fait, c'est un livre de commande dans le but de créer une collection polar pour des jeunes lecteurs. J'ai accepté avec angoisse le challenge car c'est mon premier roman jeunesse.

Mille questions me taraudaient :  qu'est-ce qui peut bien intéresser les préados (mes enfants ayant 28 et 30 ans, je ne suis plus vraiment au fait des préoccupations des gosses de 10/13 ans) ? Mon univers habituel est-il transposable pour ce type de public ? Quel vocabulaire utiliser ? quel est leur rapport avec le sexe et la violence, qui sont des marques du polar ? Savent-ils ceci, connaissent-ils cela, etc, etc.

L'exercice a été passionnant, car il m'a obligé à repenser mon travail d'auteur en sachant par avance à quel type de lecteurs je m'adressais.

Ensuite, il m'a fallu choisir un thème. Là, encore ce fut âpre. Mille questions sur ce qu'il convenait de faire connaître à des enfants, tout en les intéressant et en tentant de les impliquer.

En bout de course, je me suis dit qu'ils voyaient tellement de choses à la télé, que les sujets de société les plus brûlants pouvaient aussi bien être traités pour ce type de lecteurs. Si on ajoute à ça, le succès qu'a eu Harry Potter chez les enfants justement de cet âge-là (avec un niveau de lecteur pas simple...), que je me suis lancé.

J'ai donc écrit ce livre pour faire mieux connaître la vie des Roms. Je n'imaginais pas une seconde que le nouveau gouvernement agirait en leur direction de la même façon que l'ancien que j'avais combattu !

 

Mon point de départ a été ma rencontre réelle avec des enfants Roms, trouvés dans la forêt il y a quatre ans. A l'époque, je travaillais au cabinet du maire de Roissy-en-Brie. Nous avons alors dépensé une énergie considérable pour que ces trois familles soient traitées avec dignité. Jusqu'à faire payer par le Préfet trois caravanes pour les loger à l'approche de l'hiver.

Je ne m'occupe plus de ces familles d'un point de vue professionnel, mais j'ai noué avec eux de réelles relations amicales. Depuis, je m'occupe plus particulièrement du suivi scolaire des plus grands, en jetant un oeil sur les petits frères et en étant une sorte de "boussole" morale pour les familles.

 

 3- Comment se comporte ces enfants Roms par rapport à l'école ?

Dans votre livre, on voit les collégiens roms qui apprennent très vite pas mal de mots et construisent des phrases.
Il s'agit là d'une fiction ou de la réalité ?

 

Les deux aînés n'ont été scolarisés qu'à partir de 9 et 10 ans. Bien qu'ils parlent désormais un Français très correct, leurs lacunes sont trop importantes pour suivre un cycle "normal". Ils sont donc en SEGPA, mais très impliqués pour y réussir quelque chose. Ils sont plutôt bons élèves.

Les plus jeunes ont eu la chance d'être scolarisés entre 4 et 6 ans. Ils sont plutôt bons élèves. A titre d'exemple, Alexandre a 10 ans et est en CM2, depuis la rentrée sa note la moins bonne est B moins. L'an prochain, il ira en 6ème "normale" et les plus jeunes suivront très probablement le même chemin.

Leur plus grande difficulté c'est de vivre dans des caravanes et des cabanes attenantes avec un confort des plus limites, donc des conditions d'étude très compliquées.

Pour ce qui est de l'apprentissage de la langue, ils ont une réelle facilité et les enfants parlent vraiment très bien de Français. La culture rom est surtout une culture orale, la mémorisation est habituelle pour eux. C'est sans doute ce qui explique leur facilité d'apprentissage. Donc, sur cet aspect, le livre est très représentatif de la réalité.

  

blocier-1.jpg

 

 

4- A Roissy en Brie, les représentations qu'avait la population locale ont-elles évolué et changé vis à vis de ces "étrangers" ?

 

La représentation de la population roisséenne est comme celle des français en général. Si on a eu la chance d'avoir un contact positif avec des Roms, on a tendance à être plus ouvert, plus enclin à les comprendre, voire à marquer de la compassion, quand ce n'est pas de la solidarité... Par contre, les idées préconçues ont la vie dure, et beaucoup pensent encore qu'ils ne sont que des voleurs, des trafiquants et des mendiants et que, très probablement, ils viendront tôt ou tard s'en prendre à leur bien... Même si ce n'est pas vrai. Les médias qui racontent les méfaits d'une famille rom ici, un trafic d'enfant là... et c'est toute une communauté qui est mise à l'index... Et c'est bien la seule à notre époque. Je prends un exemple : lorsque la police arrête des terroristes musulmans, immédiatement tout le monde dit "attention : pas d'amalgame avec la majorité des musulmans, lesquels respectent les lois de la république, etc etc.. ». Lorsqu'il s'agit des roms... On ne leur trouve aucune excuse et quand un membre de la communauté commet un acte délictueux, cela devient la preuve que les roms sont comme ça... Pourtant, moi qui les connais un peu, je peux garantir qu'ils aiment leurs enfants et qu'ils n'ont qu'un souhait : trouver du travail et s'intégrer dans le pays où ils ont choisi de vivre !

 

5- Je vous remercie de vos réponses et si vous le souhaitez, vous pouvez conclure cet entretien

 

On ne peut pas vraiment conclure ce type d'entretien, car on commence sur la problématique de la lecture chez les préados et, immanquablement, on bifurque sur le sujet du livre... En même temps, ça me va bien, car j'écris des livres pour faire se poser des questions à propos des thématiques abordées...

 

 

 

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commentaires

C
Oui, c'est vrai la retranscription de l'entretien que nous a accordé Antoine Blocier a été rapide et la relecture sur l'écran a laissé passer trois fautes, c'est corrigé<br /> merci de votre vigilance de lecteur
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R
Ah, j'oubliais, dans le même paragraphe : « l'on choisi » au lieu de l'on choisit. Bon, j'arrête là les frais.
Répondre
R
Je relève dans votre article deux fautes dans un seul paragraphe : « intonnations » avec deux 'n' (pourquoi tant de haine ?) et « quels que soient » (les indications, au lieu de 'quelles que<br /> soient'). Pour un article consacré à la lecture ...
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