22 août 2013.
Lorsque nous arrivons vers 10h, nous voyons 3 policiers se démener pour menotter un homme plaqué au sol dans la zone de vie n°3 du CRA3. Quelques minutes auparavant, un autre retenu aurait été violemment maîtrisé par 5 policiers au même endroit. La violence avec laquelle les policiers interviennent suscite la colère de l’ensemble des retenus des deux CRA qui assistent à la scène, derrière les grilles des différentes zones de vie qui se font face ; ils se mettent à crier et à taper contre les grilles pour protester. D’un coup, une grille cède côté CRA2. Aucun retenu ne tente de s’échapper mais c’est la panique chez les policiers qui se déploient dans le CRA, certains armés de matraques ou de bombes lacrymogènes.
Cet incident a été déclenché par un événement des plus banals : le ballon avec lequel les retenus jouent au foot a atterri dans une autre zone de vie du CRA3, actuellement fermée, et un retenu a escaladé la grille de séparation intermédiaire à l'intérieur de l'enceinte du CRA3 pour aller le chercher ; cela arrive souvent. Mais cette fois, les policiers ont réagi comme s’il s’agissait d’une tentative d’évasion alors qu’à l’évidence, ce n’était pas le cas. A noter que les policiers en question appartiennent à une brigade avec laquelle il y a très souvent des tensions avec les retenus. De nombreux fonctionnaires de police avec lesquels nous avons discuté par la suite nous ont affirmé qu’avec une autre brigade, la situation n’aurait jamais dégénéré de la sorte.
Dans les heures qui suivent, l’ambiance est électrique et on sent que ça peut s’embraser à tout moment. Alors qu’un début de bagarre éclate entre deux retenus, des fonctionnaires du CRA2 sont appelés en renfort ; il y a alors presque autant de policiers que de retenus au dans la zone de vie du CRA3.
En début d’après-midi, les retenus mettent le feu à deux cellules simultanément, dans les bâtiment 4 et 6 du CRA3. C’est de nouveau la paniqu
e, les policiers accourent avec des extincteurs et maîtrisent le départ de feu ; les pompiers sont appelés en renfort. Tous les bâtiments sont alors fermés et les retenus se retrouvent assis par terre dans la zone de vie, cette grande cour où il n’y a que deux bancs.
Compte tenu du climat qui règne à l’intérieur du CRA, la direction de la PAF du CRA3 décide d’annuler les escortes prévues pour le TGI de Meaux. Le JLD refusera de prolonger la rétention des retenus non présentés, estimant que le sous-effectif policier allégué pour justifier de leur absence n’est pas une circonstance insurmontable.
Quant aux deux retenus qui ont été violemment maîtrisés, l’un retrouvera la zone du CRA après quelques heures d’isolement, tandis que l’autre passera la journée en garde à vue, avant de revenir au CRA en attendant d’être convoqué devant le tribunal correctionnel (probablement mardi), vraisemblablement pour outrage et rébellion.
De très nombreux retenus, indignés par le comportement des policiers, souhaitent alerter les associations et instances compétentes de cet incident, selon eux entièrement imputable à cette brigade de police.
commenter cet article …