HYMNE A L'AMITIE
La vie dans les cités de nos villes n'est pas toujours facile. Beaucoup de commentateurs ont décrit la colère, la violence, la désespérance, oubliant parfois que des enfants deviennent des adultes, attachés à leur quartier et même à leur immeuble que d'aucuns voudraient détruire.
Des jeunes écrivains comme Jeff Sourdin, né en 1978 ont fait le choix du meilleur, du vrai, c'est à dire aussi de cette amitié qui lie parfois pour la vie des êtres.
Voici là une œuvre humaine, optimiste qui en plus se lit aisément, sans pause.
« Le clan des poissards »
roman de Jeff Sourdin
Editions de "La part Commune"
février 2012 - 215 pages - 16 €
Une chronique des années 2000
L'un des quatre héros, s'appelle Trotski et le tout ne se passe pas au début du 20ème siècle en Russie mais en France, à Rennes , un siècle plus tard.
Léon Trotterie- c'est un nom qu'il faut apprendre à porter au Lycée- est vite devenu Trotsky. C'est un insubmersible comme le premier mais un petit peu plus petit.
Le clan des Poissards est avant tout l'histoire de quatre amis, particulièrement liés, de leurs itinéraires nourris d'espérances, d'échecs, d'espoirs et parfois de surprises.
Le lecteur va vivre les évolutions en cours durant toute cette première décennie du troisième millénaire dans une cité et une grande ville de « Province ».
L'un a du pain sur la planche pour se construire et essayer de survivre en passant d'un petit boulot à l'autre. Une autre,« bien » née a ,à l'entrée du lycée « un niveau culturel digne de classes préparatoires mais la maturité émotionnelle d'une enfant de douze ans »...Rien n'est totalement inné ni acquis et chacun ou chacune peut se bâtir un avenir en réduisant ou en supprimant son handicap.
L'auteur est optimiste, certes mais il n'enferme pas le lecteur dans un conte de fée.
La vie est rude, la société de plus en plus duale et certaines valeurs disparaissent.
Les quatre amis avaient aimé le foot dans leur jeunesse et si leur passion n'était pas retombée, le Stade Rennais de 2000 à 2008 n'est plus ce qu'il était. Il a grossi, s'est embourgeoisé et empâté.
« Le Stade ne s'occupait plus de ses ouvriers, de ses paysans et de ses petits retraités.....Changement de classe. Chacun assis à sa place. Place aux loges et aux salons VIP, au champagne et aux petits fours, servis par des hôtesses vêtues de court... »
Le fric est roi et les bailleurs peu sociaux n'hésitent pas à démolir des grands ensembles, à les remplacer par des immeubles plus cossus et à « inviter » les habitants pourtant attachés à leur quartier à vivre autre part là où il y a de la place.
Quoi de plus fort que l'amitié qui dure...La dilution existe. Si les idéaux flétrissent quelque peu avec l'âge et les difficultés rencontrées par chacun, la vie se renouvelle et la fraternité peut se maintenir.
Cette chronique où se conjuguent, dans un style alerte, le réalisme et l'optimisme se
lit facilement, trop facilement par le lecteur qui a du mal à abandonner ses nouveaux amis.
Jean-François Chalot