« AMAZONES »
roman de Raphaël Riol
éditions la brune au rouergue
200 pages
janvier 2013
18,90€
Prendre la vie à pleines dents....
Un enlèvement? Non....une libération
Alphonsine , 89 ans, meurt tout doucement dans une maison de retraite....
Le Repos-fleuri! Voici un joli nom pour un mouroir où les enfants régulièrement vont remplir leur devoir de visite....
Elle aurait pu glisser tout doucement de l'ennui à la fin si elle n'avait pas trouvé Alice, jeune femme de 30 ans, venue là pour « visiter » sa grand-mère...Mais voilà le hasard fait le ménage dans ce roman;
Les deux femmes qui ne se connaissaient pas vont partir ensemble pour des vacances....voire plus si affinités....
Elles n'ont rien de commun si ce n'est pas d'avoir eu le « plaisir » de voir disparaître chacune leur mari ou compagnon...Se sont-elles transformées en mante religieuse, chacune de son côté avant de s'évader ensemble ?
Peut-être mais quel est le lecteur ou la lectrice qui pourrait leur reprocher?
Elles se ressemblent toutes les deux : une énergie, une révolte et le désir de se défendre contre les hommes...
Attention! Elles aiment les hommes mais refusent de subir une domination dégradante.
L'auteure qui fait parler ses héroïnes n'y va pas avec le dos d'une cuillère, notamment quand Alphonsine rappelle à sa jeune amie les paroles d'une vieille comptine : « Mon père m'a donné un mari, mon Dieu, quel homme, quel petit homme! Mon père m'a donné un mari, mon Dieu, quel homme, qu'il est petit! »....
Pour que le lecteur comprenne bien le sens de ces paroles, la vieille dame explique : c'est « une vieille chanson populaire entraînante qui en dit long sur l'insatisfaction sexuelle des femmes. »....
Et si l'insatisfaction ne se situait pas aussi sur d'autres terrains....
Ce roman est ironique, certes...Tout n'est pas à prendre au premier degré...quoique parfois....
L'auteure dans un rythme très soutenu nous emmène dans une fuite décidé sur un coup de tête mais tellement pleine de découvertes mutuelles... sur la résistance de certaines femmes et sur la capacité de certaines vieilles femmes de vivre, voire de revivre quand elles ne sont plus prises comme des futures mourantes....
Nous sommes même dans l'inter-génération de la connivence, de l'entraide et de la co-construction.
Ce livre au féminin pluriel m'a passionné et touché.
Jean-François Chalot