1/ L’approche économique de la pauvreté
Données nationales et locales pour 2013 (sources INSEE)
La pauvreté monétaire
Une personne est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Ce seuil est fixé par l’INSEE à 60% du niveau de vie médian de la population (la médiane c’est la répartition à l’identique de la population au-dessus et au-dessous d’un certain revenu)
Au plan national
En 2013, le revenu médian est de 1667 euros/mois et le seuil de pauvreté monétaire s’établit à 1 000 euros par mois.
8,6 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil
Le taux de pauvreté s’élève ainsi à 14 % de la population
10% des plus pauvres ont 892 euros/mois pour vivre et la moitié des personnes pauvres ont un niveau de vie inférieur à 802 euros mensuels.
10% des plus riches ont 3.100 euros/mois pour vivre
Au niveau de la Communauté d’Agglomération de Melun Val de Seine (CAMVS)
En 2013, le revenu médian est de1647 euros/mois et le seuil de pauvreté monétaire s’établit à 988 euros/mois
10% des plus pauvres ont 831 euros/mois pour vivre
10% des plus riches ont 3.026 euros/mois pour vivre
Qui sont les personnes touchées par la pauvreté monétaire au plan national
Parmi les actifs, 10,5% sont en situation de pauvreté monétaire : 37,3 % des chômeurs sont dans cette situation contre 7,6 % des personnes en emploi.
Il y a 7644 chômeurs sur la CAMVS sur une population de 109.274 habitants
Parmi les inactifs, ce sont les retraités qui ont le taux de pauvreté le plus bas (7,9 % en 2013). Pour les autres inactifs, dont les étudiants, le taux de pauvreté est beaucoup plus élevé : 30,1 %
Il y a 6188 étudiants sur la CAMVS sur une population de 109.274 habitants (5,7%)
Les personnes vivant au sein d’une famille monoparentale sont particulièrement touchées par la pauvreté. Près d’un tiers de ces personnes sont pauvres, soit une proportion 2,4 fois plus élevée que dans l’ensemble de la population. En 2013, le taux de pauvreté des familles monoparentales atteint 32,5 %
Il y a 5.698 familles monoparentales sur la CAMVS sur 28.656 familles (34,4 %)
Les familles nombreuses sont également plus exposées : parmi les personnes vivant au sein d’un couple avec au moins trois enfants, 22,6 % sont confrontées à la pauvreté en 2013.
Il y a 4102 familles de 3 enfants et plus sur la CAMVS sur 28.656 familles (14,31 %)
Enfin, 15,4% des personnes seules, qui ne bénéficient pas des économies d’échelle que permet la vie en couple, ni du revenu supplémentaire que peut apporter le conjoint, vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Il y a 15.092 personnes vivant seules sur la CAMVS sur une population de 109.274 habitants (13,81 %)
Données 2015 de la Maison Départementale des Solidarités de Melun Val de Seine
Le Service Social Départemental a reçu 3498 familles (sur 28656, soit 12%) et en a accompagné 1453 sur la CAMVS essentiellement pour des problèmes financiers mais aussi pour l’accès aux droits et à la santé
2/ L’approche sociologique et psychologique de la pauvreté
CREDOC 2014-2015 : Une participation entravée à la vie sociale
(Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie)
Si les familles valorisent leur capacité de débrouillardise, chercher les prix les moins chers, privilégier les soldes et les achats d’occasion a son revers. Les familles modestes considèrent que leurs contraintes budgétaires les empêchent de participer davantage à l’économie locale par la fréquentation de magasins et de producteurs locaux ; elles se sentent également éloignées de la vie culturelle et des loisirs, sauf par écran de télévision interposé. Enfin, la sociabilité avec le cercle d’amis est limitée pour des raisons budgétaires : inviter chez soi une famille avec enfants peut représenter une dépense trop importante. Le repli sur la famille nucléaire est alors vécu comme une contrainte. Quelques ménages modestes regrettent aussi de ne pas pouvoir faire preuve de solidarité envers les plus démunis.
La Fondation de France rapport 2014 sur les Solitudes en France.
Ce rapport part du principe que le lien social s’appuie sur 5 types de réseau de sociabilité :
- Réseau familial
- Réseau professionnel
- Réseau amical
- Réseau affinitaire (par exemple association)
- Réseau de voisinage
Plus la personne est inscrite dans une diversité de réseaux, plus elle est fortement intégrée socialement et plus elle a de chances d’échapper aux difficultés de la vie et notamment à la pauvreté
Inversement moins la personne est inscrite dans des réseaux elle plus elle est vulnérable.
L’étude témoigne de la prégnance des inégalités sociales en matière d’isolement et de l’impact majeur de la pauvreté. Développer son cercle amical, s’inscrire dans un réseau associatif, développer des relations dans le cercle professionnel ou dans le cadre familial sont des gageures pour les personnes ayant de moindres ressources.
En 2014, 1 Français sur 8, soit 5 millions de personnes, est seul. Ils sont un million de plus qu’en 2010 à ne pas avoir de relations sociales au sein des cinq réseaux de sociabilité.
1 Français sur 3 n’a accès qu’à un seul réseau social : fragilisé, il se trouve dans une situation d’exclusion potentielle sans en avoir conscience.
1 Français sur 10 se sent exclu, abandonné ou inutile.
De toutes les générations, celle des 75 ans et plus est celle qui a été la plus impactée par la montée des solitudes en France : 1 personne âgée sur 4 est seule (27 % en 2014 contre 16 % en 2010).
En parallèle la solitude s’aggrave chez les plus jeunes. Le phénomène touche les 18-29 ans, jusque-là préservés et chez les moins de 40 ans la solitude a doublé en 4 ans (7 % en 2014 contre 3 % en 2010).
Par ailleurs, selon l’étude, les réseaux sociaux virtuels ne sont pas une compensation au manque de liens sociaux : 80% des personnes en situation de solitude objective ne les fréquentent pas.
La solitude progresse dans les grandes agglomérations : 13 % des habitants des grandes métropoles sont seuls (contre 8 % en 2010).
36 % de Français n’ont pas ou peu de contact avec leurs voisins (contre 31 % en 2010) au-delà des relations de politesse. La majorité d’entre eux (52 %) exprime une difficulté grandissante à se faire des amis dans son quartier, à organiser des moments conviviaux entre voisins (56 %) ou tout simplement à connaître des gens et à discuter avec eux.
En conclusion :
Aussi bien l’étude du CREDOC que celle de la Fondation de France montrent que la question de la pauvreté n’est pas qu’une question économique, c’est aussi et peut être avant tout une question sociale.
La pauvreté génère de l’isolement social et l’isolement social génère de la pauvreté. Plus que jamais la question du lien social est donc au cœur de la lutte contre la pauvreté et de ce que le sociologue Serge Paugam appelle la disqualification sociale.
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