Des dizaines de milliers de familles ressentent la peur et même le désespoir : la fin de la trêve hivernale arrive au galop.
Il reste encore 15 jours de répit.
Chaque année plus de 140 000 ménages sont assignés en justice pour, le plus souvent des impayés de loyer.
Ce chiffre est en hausse continuelle.
Les expulsions effectives avec concours de la force publique concernent à peu près 10% des familles menacées.
« En 2011 (derniers chiffres connus), 145 828 ménages ont été assignés en justice pour impayés de loyer ou défaut d'assurance. Parmi ces assignations, 113 669 décisions de justice prononçant l'expulsion ont été rendues. Un chiffre en constante hausse : 81 080 décisions de justice avaient été rendues dix ans plus tôt pour le même motif. »
En savoir plus sur
C’est un nombre considérable.
Ce sont autant de familles qui se retrouvent dans la rue ou dans des hôtels souvent sordides.
C’est souvent l’errance urbaine qui commence : les hôtels sont à la périphérie des villes loin des écoles, c’est la misère qui s’installe et le traumatisme profond qu’est l’expulsion.
La double peine, sévère – le mot est faible- insupportable arrive très vite : c’est le placement des enfants qui survient dans des familles d’accueil et parfois dans des foyers.
La famille est écartelée, séparée et même détruite.
Le CNAFAL en 2004 et 10 ans plus tard en 2014 a réalisé une étude
http://www.cnafal.org/le-cout-dune-expulsion-locative/
Il a chiffré le coût financier, il est considérable…. Plus élevé pour la collectivité que si elle prenait à sa charge les loyers !?
Evidemment qu’elle ne peut pas le faire, c’est une question d’équilibre et de justice !
Par contre les pouvoirs publics se doivent d’accompagner les familles en difficulté, d’aider financièrement celles qui survivant sous le seuil de la pauvreté ne peuvent pas payer leurs loyers et charges.
Combien de personnes pourraient d’ailleurs assumer leurs « responsabilités » de locataires avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté ?
Sur le terrain, les militants de la solidarité connaissent cette réalité et cette autre : beaucoup de familles menacées d’expulsions ne préviennent ni les services sociaux, ni les associations, ni leurs amis des menaces qui pèsent sur eux.
Elles sont comme tétanisées.
Elles ne sont pas- comme le croient à tort certains- des spécialistes de la quête d’une aide, elles se taisent et attendent le couperet.
Parfois elles assistent à leur condamnation par le tribunal, souvent elles ne se déplacent pas.
Les bailleurs, eux sont représentés par leurs avocats et les quelques avocats défenseurs, commis d’office, trop peu nombreux font parfois le minimum …..
Quelques avocats d’office, c’est tout à leur honneur mènent le combat mais ils sont si peu nombreux.
Les expulsions sans relogement doivent être proscrites.
Il existe tout un « arsenal » encore mal utilisé comme le protocole de cohésion sociale qui n’est pas toujours proposé, le recours à la commission départementale de prévention des expulsions (la CCAPEX) parfois oubliée.
Si nous voulons que les familles les plus en difficultés puissent régler leurs loyers, il est nécessaire que ces loyers soient réellement sociaux….trop de familles qui attendent en vain un logement social se rabattent sur du privé, trop cher.
Les constructions de logements sociaux en nombre suffisant doivent reprendre à un rythme accéléré….
Tout un programme réaliste et URGENT à réaliser.