DES AUTEURS PRESENTS AU SALON LITTERAIRE DU 10/10/10 A VAUX LE PENIL
Nous avons lu et aimé les livres qui suivent....Leurs auteurs seront là au salon littéraire
« Mamou Roche »
Roman écrit par
Sophie Massonnaud – Herbouiller
Editions Cdanslapoche
juin 2010
307 poches
20 €
une seconde chance
L'auteure n'en n' est pas à son coup d'essai .
Après avoir rédigé et publié trois livres fort différents, elle a souhaité s'atteler à l'écriture d'une saga familiale.
Si j'ai bien aimé son roman "Qui veut la peau des Amazones?..."que j'ai découvert par hasard à Guérande, j'ai hésité avant de commencer ce nouveau livre . C'est un genre qui m'était étranger jusqu'alors.
Mais oh surprise, je me suis fait happer par l'histoire et par le jeu des personnages et ceci dès les premières pages.
Il ne m'était même pas possible de me dégager de la lecture avant de connaître la fin de ce roman où l'amour, la haine et la jalousie règnent en maîtres.
La femme, qu'elle soit une victime ou une conquérante, prête à écraser tous ceux qui la dérangent possède ici une personnalité forte.
Pauvres hommes ! si l'on excepte le beau photographe, sorte de prince charmant, ils sont faibles et sans personnalité forte, préférant s'acheter une tranquillité toute relative.
Ah la généalogie ! Les chiens ne font pas des chats et la grand mère et sa fille ainée paraissent avec leur égoïsme froid sortir du même moule et d'ailleurs il suffit de penser à leur ascendance...
Elles sont abominables ...gare à la fille cadette et même gare aux petites filles.
« Les deux mégères, loin d'être apprivoisées, reprenaient du poil de la bête et revenaient en force, plus expertes que jamais dans l'art de la manipulation ! »
L'auteure nous plonge dans un Cendrillon du 21ème siècle qui se déroule chez nous... ou presque.
Les deux histoires se ressemblent quelque peu mais ici, le rythme soutenu; les nombreux rebondissements et les dialogues particulièrement soignés captivent le lecteur.
Les homards frêles et sans défense sont là à la merci des deux congres mais la force et la méchanceté ne triomphent pas toujours même dans ce milieu de la petite bourgeoisie de La Baule particulièrement dépeint sans fard ni artifice.
La vie n'est pas un fleuve tranquille.
Cette saga, c'est une tempête permanente où les frêles barques disparaissent et où seuls les bateaux consolidés réussissent à s'en sortir.
Le livre est refermé, la dernière scène permet d'inscrire le mot fin mais le lecteur attentif et conquis que je suis devenu espère que l'auteure saura nous offrir une suite à ce roman....
"Qui veut la peau des Amazones?..."
roman de Sophie Massonnaud Herbouiller
éditon C'dans la poche
deuxième trimestre 2009
15 €
207 pages
chasseuses et proies
Quand dans l'espace culturel d'un grand magasin, on rencontre un écrivain local se livrant à une séquence de dédicaces, on peut trouver de tout, du pire au meilleur.
A Guérande, je me suis laissé tenté par une écrivaine vivant à La Baule. J'ai feuilleté le livre et comme le style était alerte et soigné, j'ai commencé la lecture que je viens de terminer.
Le mets est agréable, voire même étonnant.
Avec une pincée d'érotisme, une dé féminisme conquérant et un suspens assez vite amené, l'écrivain réussit à captiver son lectorat.
Deux jeunes femmes inséparables nous entraînent dans leur chasse . Ces guerrières fuient les quotidiennes humiliations conjugales, subies d'ailleurs encore par l'une d'entre elles pour aller à la quête du plaisir.
"Nos conjoints avaient fait de nous de pâles figures, des ombres inexistantes,des fantômettes fatiguées, desépuses délaissées, des mortes vivantes d'ennui, des bannies de l'amour, des affamées de sexe".
La faim va les faire sortir du bois où elles vont rechercher le plaisir mais peut être un peu plus, ce qu'elles n'avouent pas. Marianne, la narratrice et Floriane vont d'aventures en déconvenues mais toujours en quête de rencontres, de convivialité et de sexe
Qui pourrait leur reprocher? Un amant éconduit, une délaissée jalouse de leurs succès....La menace est là, elles craignent toutes lesdeux pour leur vie et notamment Marianne la plus exposée.
La peur aurait pu les contraindre à abandonner le Grenier et les bars de la Baule.
La panique qui les prend et la mort qui rôde et ses ennemis inconnus auraient pu avoir raison d'elles, les renvoyant aux casseroles et à la sagesse....
Rien n'y fait:
Même Fleur Blanche poursuit sa route et sa quête:
"Pour s'épanouir, il lui fallait se faire butiner, délier ses pétales, déployer sa corolle, ouvrir ses petites comme ses grandes étamines, libérer son pistil.De désespoir, n'importe quel insecte bourdonnant faisait l'affaire".
Gare au frelon ! Il est là, il veut effrayer et même terroriser ses proies!
Arrivera t-il à ses fins?
Ce monstre pervers que les deux amazones ont surnommé "Psycho" ne craint pas la police, il poursuit sa route ....
« Viking »
livre écrit par Phoebe
rayons de lune
the BookEdition
15 €
mai 2008
262 pages
DES IMPACTS FANTASTIQUES
Les humanoïdes et les êtres les plus extraordinaires qui soient se côtoient et se combattent sans merci.
La violence inter galactique domine cet univers peuplé de planètes étranges et d'habitants hybrides.
Viking, bien que grand, blond et musclé n'est pas un justicier sans reproche et son vaisseau spatial, le drakkar dispose d'une intelligence mécanique hors norme.
Aucune pause n'est prévue, ni pour les protagonistes, ni pour le lecteur entraîné à suivre à un rythme infernal des histoires extraordinaires.
Les dieux ne sont pas oubliés dans la distribution des rôles.
Ils sont prêts à mettre de l'ordre quand leurs intérêts sont en jeu.
C'est ainsi que la belle Assia n'hésite pas à offrir ses services bien monnayés en proposant au héros une seconde vie :
« -Que dois-je faire?
-
Cette région échappe encore à mon influence. Penses-tu que les autochtones prieraient la déesse qui a sauvé leur monde?
-
Avec une bonne publicité... »
Hier, aujourd'hui, comme demain, la religion instituée garde sa fonction première: faire accepter l'ordre établi!
Peu habitué à cette littérature de science fiction, j'ai été surpris, puis conquis par ce livre qui m'a offert une balade dans cet univers sans pitié où même le sport spectacle accouche de cadavres.
N'hésitez pas à monter dans le vaisseau spatial, à passer d'une planète sans soleil à une autre qui en possède deux. Vous allez vivre une épopée extraordinaire, haute en couleurs tout en soutenant une jeune auteur qui, disposant d'une imagination et d'un talent incontestables mérite d'être soutenue.
"Les animateurs
face à l'intégrisme religieux
et à l'oppression des femmes"
témoignages, discussion, enjeux de formation
livre de Pierre Baracca, Amandine Briffaut, Anne Gaëlle Cogez,
Danielle Delmaire, Faïza, Malika Messad
Éditions l'Harmattan
Logiques sociales
249 pages
octobre 2009
24,50 €
Éducation populaire ou intégrisme
C'est la première fois qu'un livre est consacré exclusivement à cette problématique pourtant essentielle pour le présent et l'avenir de l'animation socioculturelle et de l'éducation populaire.
Ces trois regards de femmes et cette réflexion menés dans le cadre de trois mémoires de DUT en Animation et les tables rondes qui sont rapportées ici forment un ensemble cohérent et utile pour comprendre les enjeux du maintien et du renforcement de la laïcité et des principes républicains dans ce domaine éducatif.
L'animation est un véritable métier et la fonction d'animation exige une formation professionnelle. C'était et c'est le message de tous les acteurs éducatifs engagés et conscients des enjeux...
Malheureusement cet appel fut peu entendu par les politiques qui ont fait appel dans les années 90 aux grands frères devenus par enchantement des animateurs. Des villes payent encore le prix de cette erreur manifeste, les grands frères ont reproduit dans le cadre de leur mission le cadre "culturel" qui instaure au nom d'un dogme religieux et des habitudes véhiculées l'inégalité entre les hommes et les femmes.
C'est ainsi que des animatrices diplômées ont fini par déserter certains centres sociaux ou services jeunesse pour fuir un sexisme et une ségrégation à peine déguisés.
Faut-il respecter les différences culturelles au nom de la liberté?
Les auteurs de ce livre répondent sans aucune ambiguïté que le relativisme culturel conduit à enfermer des femmes dans un carcan, voire une prison communautaire qui les privent de la possibilité de s'émanciper et de se construire. Ce culturalisme, véritable "enfer" pour les femmes va à l'encontre des valeurs véhiculées par l'éducation populaire, mouvement de transformation sociale.
Comme l'explique Pierre Baracca: "la première rupture à opérer, pour les animateurs, consiste à différencier le niveau artistique et culinaire avec celui des valeurs et des conduites sociétales."
Danielle Demaire, historienne et professeur émérite de l'Université, revient sur un aspect historiquement souvent oublié :
Le combat pour la séparation des églises et de l'État a été une réponse forte à une offensive de la hiérarchie catholique .
Cette offensive contre la république consistait à imposer ou à continuer à imposer la messe à l'ouverture des sessions parlementaires et le crucifix dans les chambres des hôpitaux même si le patient était athée ou agnostique.
Aujourd'hui l'islamisme politique est sur tous les fronts pour contraindre les populations d'origine musulmane à des codes de vie rétrogrades.
Ce communautarisme qui fait d'ailleurs de la femme la première victime doit être combattu.
Ce livre se termine par un appel à une formation des animateurs, notamment autour de la question de "l'oppression des femmes".
C'est un appel légitime et l'animation ne pourra exercer sa double fonction de construction du lien social et d'émancipation de toutes et de tous, que si les animateurs examinent, entre autres "les enjeux idéologiques autour des activités proposées dans les structures d'animation, notamment aux enfants et aux jeunes."
Ce livre est une contribution originale et intéressante au débat sur les missions de l'animation et montre avec force qu'aujourd'hui il y a deux alternatives : l'éducation populaire ou l'intégrisme, c'est à dire le progrès et les lumières ou l'obscurantisme!
Les débats contenus dans ce livre concernent d'autres professions et, d'une façon générale, élus politiques ou syndicaux et tous les citoyens, notamment autour de notions comme identités, racines, culture, diversité culturelle, culture plurielle, multiculturalisme, démocratie culturelle, théories postcoloniales, études subalternistes, communauté / individu, relativisme normatif, religieux et politique, laïcité, sexe, genre, violences faites aux femmes...
“La bataille de la laïcité
1944- 2004
par Guy Georges
éditions SUDEL
350 pages
23 €
octobre 2008
Du passé faisons table rase.... Pour ne pas reproduire les mêmes erreurs !
L'histoire du combat laïque contribue à armer toutes celles et tous ceux qui, aujourd'hui, face aux attaques contre la laïcité de l'école et à l'offensive des communautaristes veulent analyser les erreurs du passé afin de ne pas les reproduire.
Qui, mieux que Guy Georges ancien secrétaire général du SNI PEGC et dirigeant du CNAL et de la FEN de 1974 à 1983 pouvait nous relater l'histoire passée en tirant les principales leçons?
Ce livre est fabuleux car l'auteur organise et structure son propos autour d'une chronologie structurée et organisée sans rien masquer de la réalité.
C'était après la libération, la droite cléricale vaincue se terrait pendant que la gauche majoritaire dans le pays et en nombre de sièges s'est alliée pour le pire avec le centre chrétien: le fameux MRP...
Guy Georges montre comment les instituteurs syndiqués au SNI, syndicat unitaire et de masse ont mené le combat semaines après semaines pour que l'on en revienne au respect de l'article 2 de la loi du 10 décembre 1905.
La FEN, fédération de l'Education nationale, la Ligue de l'Enseignement et les parents d'élèves qui constitueront la FCPE vont résister à l'offensive cléricale et interpeller la gauche pour qu'elle arrête de laisser faire.
La seule grande victoire historique fut sans conteste ce vote à l'arraché du 29 août 1946 quand les députés rejettent par 274 voix contre 272 la proposition des cléricaux d'inscrire la liberté de l'enseignement dans la Constitution!
La “gauche” au pouvoir, à la Llbération , en 1956 ou en 1981 négocie, tergiverse et même capitule alors que la droite au pouvoir remet en cause la laïcité de l'école et donne aux écoles privées des financements accrus et conséquents!?
Les laïques ne baissent pas les bras, ils se mobilisent contre la loi Debré, réunissent 10 813 697 signatures et proclament le serment de Vincennes ce 19 juin 1960 !
Guy Georges n'élude aucun événement, il nous fait même part des rencontres secrètes entre le CNAL et la hiérarchie catholique en 1969 et 1970....
Vandermeersch, jésuite et secrétaire général adjoint de l'enseignement catholique témoigne“En ce début d'été 1969, les bases d'un accord sont esquissées. Les laïques accepteraient l'aide de l'Etat aux établissements sous contrat; en contrepartie, le nombre d'établissements bénéficiaires serait gelé au niveau où il est....”
C'était une compromission qui se préparait et un marché de dupes car la droite cléricale a poursuivi son offensive pour obtenir encore beaucoup plus de crédits et des lois antilaïques....
C'est ainsi qu'on en arrive à la grande capitulation de la gauche, à la loi Savary, à son abandon et à l'aggiornamento du CNAL qui, abandonnait le combat pour l'abrogation immédiate de toutes les lois antilaïques afin de proposer que l'Etat “conditionne le financement public d'établissements privés à l'évolution de ces derniers vers les règles constitutionnelles et administratives du service public....”
Le CNAL est-il définitivement mort en 1984?
Il a été capable d'un sursaut en co-organisant cette grande manifestation du 16 janvier 1994 puis s'est divisé au moment de la bataille de 2003-2004 contre le communautarisme....
Aujourd'hui sera t-il capable de reconstruire un cadre unitaire structuré à tous les échelons et dynamique ou faut-il reconstruire l'unité des laïques dans le cadre du regroupement de toutes les associations éparses existantes?
« Main basse sur l'école publique »
livre d'Eddy Khaldi et de Muriel Fitousi
Editions Demopolis
198 pages
août 2008
20 €
L'école publique menacée dans son existence même!
Les attaques contre l'école publique ont été nombreuses et depuis l'élection de Nicolas Sarkozy le rythme et le nombre des mesures destructrices ont augmenté... Tous ces coups, qu'il s'agisse de la suppression de la carte scolaire, de la fin du principe de mixité scolaire ou de la suppression de milliers de postes d'enseignants ne sont qu'un galop d'essai...C'est tout l'édifice que ce gouvernement veut détruire afin d'en arriver à un libéralisme tromphant avec des écoles concurrentes disposant de financements de plus en plus privés.
Les auteurs sont allés piocher dans les archives et ont mené une véritable enquête qui nous montre que toutes les réformes sont des éléments d'une stratégie élaborée par la droite avec le soutien d'associations catholiques ultra-réactionnaires comme SOS Education.... Les liens avec l'extrême droite via le club de l'horloge sont démontrés.
En 1992, des hauts fonctionnaires du service public fondent une association : Créateurs d'écoles...
Les membres fondateurs de cette association poursuivront leur réflexion et leur action au service de leur orientation.
15 ans plus tard: l'un, Maurice Quinet est recteur de Paris, un autre, Dominique Antoine, conseiller Education du président et un troisième ,Xavier Darcos, préside aux destinées de l'éducation encore nationale!
Comme le précise un article du Monde, cité par les auteurs : « Pour les enseignants, les créateurs d'écoles plébiscitent le recrutement sur profil, les rémunérations différenciées, le recrutement sur contrat à durée déterminée et la pratique du tutorat. »
Voici là tout un programme qui se met en place...quant au chèque Education dont disposerait chaque famille pour financer l'école de son choix, ce n'est plus seulement un rêve dans la tête d'horlogers ou de « créateurs d'école » mais une menance qui pèse sur l'avenir de l'école publique laïque!
Les auteurs, en nous invitant à revisiter quarante ans de guerre scolaire reviennent sur les différents reculs de la gauche et l'offensive de la droite...
Ils lèvent aussi le voile contre certaines idées fausses véhiculées par la droite cléricale comme celle qui consiste à affirmer que de nombreuses demandes d'inscriptions d'élèves ne sont pas satisfaites... Ce serait à la fois le signe irréfutable de la réussite de l'enseignement privé et la conséquence d'un cadre législatif bloquant le développement du privé!?
C'est une imposture! "Plus de 15% des classes de lycées privés comportent moins de 15 élèves. Quant aux collèges, plus de 11% de classes accueillent moins de 18 élèves."
Aujourd'hui l'école privée continue à travailler dans de meilleures conditions matérielles que l'école publique en disposant de crédits toujours en hausse, quant à la réussite : les élèves sont trIés à l'entrée et très peu d'évaluation sont publiées!
Si des divergences s'expriment entre les tenants de la stratégie catholique voulant faire de l'école privée un lieu d'évangélisation et ceux qui adoptent une logique libérale, les deux "courants" sont d'accord pour valoriser les performances affichées de l'école privée et pour que le plus vite possible toutes les écoles publiques ou privées fonctionnent sur le modèle des établissements privés !
La stratégie de la droite est claire, il s'agit, avec l'aide des ses alliés de remettre en question le service public d'éducation, de détricoter l'édifice afin de préparer une privatisation qui ne soit plus rampante mais galopante...
Ce livre nous invite au débat sur les enjeux du combat à mener.
Il faut aujourd'hui que les laïques se rassemblent et défendent cette école publique menacée dans son existence même.
Jean-François CHALOT