Samedi 16 décembre 2006 6 16 /12 /2006 10:30
UNE ACTION MILITANTE :
LA PERMANENCE « SURENDETTEMENT »
L'UFAL, association familiale lie le combat politique et le combat social contre le surendettement en menant de front :
- une campagne publique contre les profiteurs et notamment contre les sociétés de crédits révolving;
- un soutien et un accompagnement des familles en difficultés...
« Le taux d’endettement des ménages français est ainsi passé progressivement de 56,5% en 1996 à 59,4% en 2002 ; dans le même temps la corrélation a été remarquable entre la croissance du nombre de dossiers déposés devant les commissions de surendettement et la croissance du marché de crédit à la consommation. » constatait en 2005 la commission « Familles, vulnérabilité, pauvreté »
Certains s'enrichissent au détriment des plus pauvres sans souvent vérifier que les emprunteurs soient solvables .
Les requins sont là, aux aguets pour proposer leurs « services » à qui est prêt à les écouter, surtout les pauvres, ceux qui sont dans la misère.
On ne prête pas qu'aux riches!
Ils s'appellent Sofinco, Finaref, Cofinoga ou Cofidis... Tous vous proposent une solution pour éponger vos dettes : le crédit révolving.
Pour Cofinoga c'est la promesse d' « une liberté totale d'utilisation, sans explication ni justificatif »... Pour Cofidis, il s'agit de « la réserve de crédit. Formalité simplifiée, rapidité assurée » pour un taux de 19, 64% l'an.
Finaref allèche le client : « Demandez de l'argent tout de suite et remboursez dans trois mois. 0 euro à payer pendant 3 mois. Jusqu'à 4000 euros disponibles sans justificatif d'utilisation. Vous pouvez rembourser de petites mensualités à partir de 15 euros par mois. »
Quand vous n'avez que le RMI ou un petit salaire pour vivre et nourrir vos enfants, la tentation est grande surtout si vous avez quelques loyers de retard.
Au début tout va bien mais assez vite, c'est l'engrenage, la famille ne peut plus payer...Elle s'endette encore plus jusqu'au jour où c'est l'huissier qui frappe à la porte et là il n'y a pas de pitié!
Il faut mettre fin à ces pratiques d'usuriers et d'affameurs et le plus rapidement possible.
Des mesures simples pourraient êtte prises par les pouvoirs publics : interdire le crédit révolving irresponsable et développer : « les possibilités de restructuration de crédit à coût modéré, comme le font les crédits municipaux »...
Les assoociations d'éducation populaire se doivent de mener ce combat politique contre les profiteurs tout en menant une campagne d'explication et d'éducation en direction des familles sur les risques qu'elles encourent .
Le surendettement , cela n'arrive qu'aux imprévoyants !?
Encore une idée fausse...
De nombreuses personnes se retrouvent brutalement dans une situation difficile ; maladie grave, chômage, séparation, accident de la vie...Elles ne peuvent plus régler leur loyer et se retrouvent vite dans la spirale du surendettement.
Les associations de solidarité reçoivent de plus en plus des familles qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts, certaines étant obligées de vendre leurs logements pour rembourser leurs crédits...
C'est là une réalité sociale préoccupante.
Il y aurait en France plus d'un million et demi de personnes en situation de surendettement.
232 000 dossiers ont été jugés recevable par la Banque de France pour l'année 2004.
Les associations familiales ne peuvent pas rester les bras croisés, elles se doivent d'agir en défense des familles.
C'est ainsi que sur l'agglomération melunaise, plusieurs associations ont mis en commun leurs moyens avec l'aide de l'UDAF
L'UFAL 77 est l'un des porteurs du projet, aux côtés de l'Association familiale protestante, la CSF et le Secours Populaire Français.
Chaque semaine, les familles peuvent se rendre à une des permanentes de l'agglomération pour y trouver deux bénévoles ou plus.
La situation de chacun est discutée et lorqu'un diagnostic a été posé, l'accompagnateur aide le demandeur a remplir son dossier si celui ci semble recevable par la Banque de France.
Naturellement , tout ce travail s'effectue dans le strict respect d'un code de déontologie :
- aucun commentaire n'est apporté sur la gestion de tel ménage
- les informations restent confidentielles et les bénévoles ne gardent aucun double
- les demandeurs sont des acteurs et non des assistés : les bénévoles expliquent et accompagnent sans surtout se substituer aux intéréssés.
Nous n'avons par ailleurs et c'est un point d'appui aucune divergence avec les autres associations,
nous accueillons toute famille en difficulté et les différentes organisations réunies dans le collectif « info dettes » ont un comportement laïque et non prosélyte...
Rien ne s'est fait dans la précipitation...
Les bénévoles ont d'abord demandé et obtenu de la Banque de France qu'elle leur assure une formation sur les procédures : à quel moment passe t-on de l'endettement au surendettement et comment remplir un dossier?
L'UDAF a informé les CCAS de toutes les villes et un premier contact nous a permis d'expliquer clairement qu'il ne s'agissait pas de se substituer au travail des professionnels mais de mener une action complémentaire dans le cadre d'un partenariat...
Le premier bilan est positif, certes mais tous les bénévoles considèrent qu'il faut à la fois :
- qualifier encore plus les intervenants
- permettre que bénévoles et professionnels se connaissent mieux
- mettre en place une information encore plus accessible
Beaucoup pensent qu'aujourd'hui il serait possible d'aller plus loin encore :
- en construisant un réseau solide regroupant les associations familiales, les organisations caritatives et les professionnels;
- et en travaillant sur la prévention avec une campagne d'information sur les arnaques aux prêts et une formation à l'élaboration et au suivi d'un budget ménage.
L'éducation populaire , mouvement de transformation sociale ne doit elle pas permettre aux citoyens d'être des acteurs?
Le partenariat inter-associatif a permis de mutualiser les moyens et de mener un projet commun sur des objectifs partagés.
L'UFAL ne s'en est pas sortie affaiblie mais renforcée puisque de nouveaux militants se sont investis ...
Quant à l'UDAF, elle a pu jouer son rôle fédérateur tout en laissant l'initiative aux associations.
Jean-François CHALOT