Vendredi 29 février 2008 5 29 /02 /2008 10:55
DECEPTION « Survivre avec les loups » n’est pas une histoire vraie.
Depuis la parution du livre de Misha DEFONSECA, quelques historiens et scientifiques ont à nombreuses reprises mis en doute la réalité de cette histoire. Au final, ils avaient raison.
Le mensonge de l’auteur, qui n’enlève rien à l’intensité de sa fiction, est assez difficile à admettre, particulièrement pour ceux et celles qui la connaissaient et qui ont pris sa défense.
Cette mystification n’enlève rien non plus bien sûr au film de Véra BELMONT, elle-même trompée dans cette affaire.
Pour ma part, moi qui avait été impressionné par le charisme de Misha lors de l’avant première du film en janvier dernier, je suis amèrement déçu. Cependant, elle avait peut-être des raisons de le faire, bonnes ou mauvaises, et j’espère qu’un jour elle s’en expliquera. Tant de gens ont été mystifiés qu’ils sont en droit d’attendre des explications.
Lors de son passage à Vaux le Pénil, j'avais d'ailleurs abordé cette question avec Véra BELMONT.
Patrice THEVENY
Ci-dessous, l’article du Parisien du 29 février 2008. et les aveux de Miska "piqués" sur le site web du journal belge "Le Soir"
« SURVIVRE AVEC LES LOUPS », c’était bien une supercherie.
Elle s’était inventée des parents juifs déportés et un périple de 3 000 km à travers l’Europe de l’Est aux côtés d’une meute de loups… Son histoire avait inspiré le dernier film de Véra Belmont, sorti le 16 janvier et vu par 600 000 spectateurs en France. Confondue par des historiens, l’auteur du récit autobiographique « survivre avec les loups » a fini par avouer hier qu’elle avait tout imaginé. Misha Defonseca, 74 ans s’appelle en réalité Monique De Wael, nées de parents belges résistants mais pas juifs. C’est à cause de leur déportation qu’elle échafaudé ce mensonge.
Dans ses aveux publiés hier par le site internet du journal belge « Le Soir », la vieille dame demande pardon. « On m’appelait la fille du traître parce que mon père était soupçonné d’avoir parlé sous la torture … J’ai détesté ceux qui m’ont accueillie. Je mes suis sentie juive … je me suis raconté une autre vie, loin des hommes que je détestais. C’est aussi pour cela que je me suis passionnée pour les loups. Ce livre, cette histoire, n’est pas la réalité réelle, mais ma réalité. »
La réalisatrice Véra BELMONT est « tombée des nues » en découvrant le pot aux roses. « J’ai acheté les droits de son récit après l’avoir lu. Quand j’ai rencontré Misha elle m’a soutenu que tout était vrai. Ce qui est le plus effrayant, et pour cela je lui en veux, c’est qu’elle m’a fait chercher dans les registres belges la trace de ses parents soi-disant déportés à Auschwitz … je la plains. C’est pathétique ».
Il y a quelques années déjà, un Suisse nommé Benjamin Wilkominski s’était inventé u livre souvenirs intitulé « Fragments », une enfance de rescapé des camps d’extermination.
Hubert LIZE
Texto : les aveux de Misha Defonseca
« Oui, je m'appelle Monique De Wael, mais depuis que j'ai quatre ans, je veux l'oublier. Mes parents ont été arrêtés quand j'avais quatre ans. J'ai été recueillie par mon grand-père, Ernest De Wael, puis par mon oncle, Maurice De Wael. On m'appelait « la fille du traître « parce que mon père était soupçonné d'avoir parlé sous la torture à la Prison de Saint-Gilles. A part mon grand-père, j'ai détesté ceux qui m'avaient accueillie. Ils me traitaient mal. Je me sentais autre. C'est vrai que, depuis toujours, je me suis sentie juive et plus tard, dans ma vie, j'ai pu me réconcilier avec moi-même en étant accueillie par cette communauté.
Alors, c'est vrai que je me suis raconté, depuis toujours, une vie, une autre vie, une vie qui me coupait de ma famille, une vie loin des hommes que je détestais. C'est aussi pour cela que je me suis passionnée pour les loups, que je suis entrée dans leur univers. Et j'ai tout mélangé. Il est des moments où il m'est difficile de faire la différence entre ce qui a été la réalité et ce qu'a été mon univers intérieur.
Ce livre, cette histoire, c'est la mienne. Elle n'est pas la réalité réelle, mais elle a été ma réalité, ma manière de survivre. Au début, je ne voulais pas la publier et puis je me suis laissée convaincre par Jane Daniel. On m'a fait croire, et je l'ai cru, et cela a été vrai, que cela apparaîtrait comme un message de vie. Je demande pardon à tous ceux qui se sentent trahis, mais je les supplie de se mettre à la place d'une petite fille de quatre ans qui a tout perdu, qui doit survivre, qui plonge dans un abîme de solitude et de comprendre que je n'ai jamais rien voulu d'autre que de conjurer ma souffrance. »