Communiqué de presse du 13 avril 2016 de la Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France, de La Cimade, de Radya et du Secours Catholique – Caritas France.
Le constat est sans appel : les gouvernements successifs - quelle que soit leur couleur
politique - ont fait de l'apprentissage de la langue un moyen de contrôle. Conjointement, ils
ont, sous prétexte d'en améliorer l'efficacité, développé une politique d'appel d'offres qui a eu
pour effet de concentrer des opérateurs de formation capables de répondre massivement à
des procédures standardisées. Ils ont ainsi mis en difficulté des associations de proximité,
plus modestes mais souvent riches de leur implication dans les quartiers et de leur approche
globale des personnes. S’appuyant sur une logique de mobilisation citoyenne, elles
contribuent pourtant à l'accueil de milliers de personnes immigrées et à la construction du lien
social. Depuis plusieurs années, ces associations ancrées dans les territoires, leurs salariés et
les milliers de bénévoles qui en sont les artisans sont ignorées malgré leurs expériences et
connaissances des populations concernées.
De fait, l’Etat à travers le Ministère de l’Intérieur s’installe dans une politique basée sur le
chiffre, autour de dispositifs descendants et inadaptés, conçus par des administrations
centrales éloignées du terrain et des réalités sociales.
L’inefficacité de cette politique nous interroge d’autant plus qu’après les évènements de 2015,
l’émotion avait permis de partager un questionnement sur la pertinence des politiques
d'intégration et de cohésion sociale et de souligner l'importance de travailler finement des
réponses locales. Un an après, ces bonnes résolutions semblent oubliées.
Les dispositifs en place s’avèrent souvent excluant, ne permettant pas un accueil
personnalisé. Ils tendent à faire de l'apprentissage du français une épreuve pour obtenir une
autorisation de rester sur le territoire français au lieu d'être une occasion de « rentrer en
citoyenneté ». Actuellement, les non-primo-arrivants, désirant perfectionner leur maîtrise de la
langue, sont non seulement exclus des dispositifs publics pris en charge par les organismes
de formation, mais ils vont l’être aussi des actions de proximité animées par des formateurs
généralement bénévoles.