Le cinéma de Vaux le Pénil vous accueille avec une programmation soignée et une climatisation
Comme me le disait hier soir un spectateur :
Je viens pour le film mais aussi, je l'avoue parce qu'il fait bon, bien frais dans cette salle.....
LE 4 JUILLET , LE CINEMA A PROJETE
L’Histoire Populaire des Etats-Unis : les luttes des classes au cœur !
lire ke texte de Julien Guérin
Sorti récemment en marge de tous les circuits commerciaux, coréalisé par Daniel Mermet et Olivier Aza, le documentaire intitulé « Historie populaire des Etats-Unis » est une excellente adaptation du livre éponyme du grand historien américain Howard Zinn. Professeur à l’université de Boston, chercheur émérite, inlassable militant anti-impérialiste, auteur de plus de vingt livres traduits dans le monde entier, il était l’un des grandes voix de l’Amérique progressiste. Décédé en 2010 son œuvre historique a encore beaucoup à nous dire. Le film de Mermet et Hazan s’inscrit dans cette optique d’éducation populaire. L’Histoire populaire des Etats-Unis, a été éditée en 1980. C’est un livre magistral qui réhabilite les résistances indiennes à la colonisation européenne, les révoltes des esclaves noirs contre leurs exploiteurs, les luttes ouvrières, syndicales et féministes et les grands combats pour l’égalité civique et contre la guerre. Il offre le tableau d’une Amérique jusque-là ignorée et occultée par tous les historiens libéraux, une Amérique progressiste écrasée sous le rouleau compresseur du capitalisme. Le succès, immense, est immédiat auprès des étudiants américains, mais il faut attendre 2002 pour qu’il soit publié en France. Les réalisateurs du documentaire ont du faire des choix dans cette vaste fresque qui court de 1492 à nos jours. Ils ouvrent leur film par une image forte : celle du bombardement par l’aviation américaine de la ville de Royan auquel Zinn, jeune appelé, a participé. Il en nourrira une haine durable et tenace contre le militarisme.
Mermet et Hazan font débuter leur propos par une rapide évocation de la révolte des insurgés contre la puissance coloniale britannique à la fin du XVIIIème siècle non sans rappeler les divergences d’intérêts qui traversaient les révoltés. La question centrale du film est celle de la lutte des classes entre exploiteurs et exploités. Les deux coréalisateurs braquent leur projecteur sur quelques luttes emblématiques et exemplaires de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. En plein essor économique, l’Amérique voit se constituer une vaste classe ouvrière où les immigrés italiens, grecs, juifs ou irlandais tiennent une place centrale. Fuyant la misère de leur pays ils apportent aux Etats-Unis leur culture politique et seront très souvent aux premiers rangs des grands combats de la classe ouvrière. Une lutte sans merci les oppose aux grands patrons qui accumulent des fortunes colossales et répriment impitoyablement leurs grèves et leurs tentatives d’organisation syndicale. Ils paieront un lourd et sanglant tribut à l’écrasement des mouvements de révolte. De la lutte pour la journée de 8 heures déclenchée par les ouvriers de Chicago en 1886 à la grande grève des salariés du textile à Lawrence en 1912 en passant par les mouvement de mineurs les riches images d’archives nous entrainent aux côtés de ces travailleurs en mouvement pour leurs salaires et leur dignité. Le chant d’espoir des grévistes de Lawrence réclamant « du pain et des roses » offre un magnifique sous-titre à ce premier volet d’une trilogie à venir. Les belles figures des militants syndicalistes de l’IWW qui rassemble travailleurs étrangers et nationaux et du leader socialiste Debs ont tous en commun l’hostilité dont ils furent victimes de la part des puissants de l’heure. Certains d’entre eux le payant même de leur vie.
Invité samedi 4 juillet à la Ferme des Jeux de Vaux le Pénil, Olivier Hazan a répondu aux questions des spectateurs présents en rappelant les grands objectifs de ce film : montrer les luttes oubliées du peuple américain et mettre en lumière le visage de ces milliers d’hommes et de femmes modestes dont il est temps de réhabiliter la parole. Bravo pour cette initiative !
Julien GUERIN