La question du genre a fait couler beaucoup d’encre et a créé des confusions et de l’inquiétude chez des parents peu informés.
Encore une fois ce sont les intégristes et les apprentis sorciers qui ont jeté de l’huile sur le feu.
Certains aimeraient bien que la loi du 15 mars 2004 soit abrogée afin que des jeunes filles puissent marquer leur double soumission : à dieu et à l’homme.
D’autres qui n’acceptent pas mais pas du tout que la société s’interroge sur la place des femmes et sur l’égalité des droits, agitent le chiffon rouge et distribuent des tracts devant les écoles.
Les uns comme les autres savent qu’il n’est pas question, à l’école de s’immiscer dans l’éducation des familles qui restent seules responsables de leurs choix éducatifs.
Leurs objectifs vont à l’encontre des nôtres.
Pour nous, filles et garçons doivent s’éduquer ensemble dans le respect de l’identité de chacun et dans le refus que l’un ou l’une soit discriminé en fonction de son genre.
20 associations dont les Eclaireuses et Eclaireurs de France qui fêtent leur 50 ans de co-éducation filles-garçons, viennent de publier ce communiqué commun
« Paris, le 03 février 2014
Ceux qui combattent l’égalité de dignité entre filles et garçons participent à la régression de l’humanité.
Les associations constitutives du Collectif des Associations Partenaires de l’Ecole publique (CAPE), mouvements d’éducation populaire et d’éducation nouvelle, mouvements pédagogiques, dénoncent avec la plus grande vigueur et fermeté les désinformations grossières à l’encontre des dispositifs
« ABCD de l’égalité 1 » d’une part et les manoeuvres d’intimidation des plus violentes à l’encontre des
enseignants-es, des parents et des acteurs de terrain impliqués.
C’est à dessein que, par le mensonge et l’amalgame, quelques groupes extrémistes et réactionnaires sèment trouble et confusion, portés par une logique de clivage de notre société. C’est aussi une vision totalement rétrograde de l’Ecole, alors réduite à l’instruction absurdement dissociée de ses missions d’éducation et d’émancipation qui est ainsi véhiculée.
Qu’on le veuille ou non, les hommes et les femmes n’ont pas la même place dans la société (salaires, métiers, pouvoir..), c’est un fait et des études le prouvent. Personne ne peut ignorer les statistiques et les réalités qu’elles décrivent. Mais rien ne justifie ces inégalités et leur cortège de discriminations à l’oeuvre ! Nous nous devons donc de faire partager les valeurs et principes fondateurs de la république démocratique, inscrits dans la constitution et le droit, au premier rang desquels l'égalité. C'est en cela que l'éducation contre les préjugés et les discriminations a toujours été au programme de l'école républicaine.
En effet, l’éducation à l’égalité s’attache à inscrire dans les pratiques, dans les comportements et les représentations des enfants et des jeunes cette égalité grâce à l’apprentissage d’un regard délivré des préjugés, déjouant les stéréotypes, basé sur la reconnaissance de l’égalité de dignité entre filles et garçons, ainsi que sur le respect, non négociable, de soi et de l’autre.
Nous, mouvements d’éducation, mouvements pédagogiques, laïques et acteurs de terrain affirmons que seul l’accès à l’information et aux savoirs permet à chacune et chacun de se construire pour l’exercice d’une citoyenneté pleine et entière.
Lutter contre les inégalités est l’un des fondements de l’Ecole Républicaine. C’est un enjeu de démocratie, de progrès social garant d’un accès aux droits pour toutes et tous.
C’est cette société- là à laquelle nous aspirons, sans crainte, car elle respecte la dignité humaine. »
Ce sont des éducateurs, femmes et hommes de terrain qui aujourd’hui, avec force et conviction font une mise au point salutaire.
Jean-François Chalot
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