Lettre ouverte aux nouveaux maires élus
Vous venez d’être élu(e) Maire de votre commune ou, votre liste ayant emporté le deuxième tour des élections, vous allez être élu(e) par le nouveau conseil municipal comme premier magistrat à la fin de la première semaine d’avril.
Comme beaucoup de militants associatifs intervenant pour le droit au logement pour tous, je suis inquiet pour l’avenir de milliers et milliers de familles qui vont être expulsées au moment même où vous allez commencer à exercer votre mandat.
Les familles expulsées se retrouvent soit à la rue, soit dans des hôtels, « logées » provisoirement par le 115 .
Bien souvent les familles qui trouvent un lieu d’hébergement provisoire sont envoyées loin de leur lieu de domicile avec des conditions précaires, le risque de déscolarisation et l’incertitude quant à l’avenir.
Une expulsion c’est un drame.
L’an dernier j’ai accompagné une famille qui s’est retrouvée à l’hôtel….Après des semaines et semaines de démarches, nous avons obtenu qu’elle retrouve enfin un logement dans le cadre d’un bail glissant.
Malheureusement nous n’avons pas pu obtenir que cette famille composée de cinq personnes dont trois enfants soient relogés immédiatement….Le couperet implacable est tombé : les enfants ont été confiés à trois familles d’accueil et pour le couple c’est la désespérance.
Combien de vies brisées, combien de drames avec ces expulsions ?
Je vous demande, Madame ou Monsieur le Maire de faire voter par votre Conseil Municipal, dès son installation un arrêté anti expulsion.
On verra bien si le Préfet osera dénoncer cet arrêté ….En attendant ce sera un sursis pour les familles et une adresse forte au Préfet pour qu’il refuse de signer l’accord d’expulser telle ou telle famille.
Vous n’ignorez pas que le taux d’abstentions très fort aux élections municipales exprime un découragement et un rejet du politique par de nombreuses personnes en difficultés économiques puis sociales.
Des familles n’ont pas eu le choix : elles survivent sous le seuil de pauvreté et n’arrivent pas à payer des loyers qui représentent entre le quart et la moitié de leurs revenus, voire plus.
Ces familles subissent l’exclusion et la misère….Ce ne sont pas des mauvais payeurs mais des femmes et des hommes qui matériellement ne peuvent pas payer.
Elles ont besoin d’un soutien et d’un accompagnement.
Engagez- vous résolument à vous opposer dans votre commune à toute expulsion qui ne serait pas suivie d’un relogement immédiat.
Jean-François Chalot
Le président du DAL de Melun à la manifesttion du 29 mars 2014