Intervention de Mme Llech Maire-adjointe.
Bonsoir, Mesdames et Messieurs,chers amis j’ai l’honneur et le plaisir de vous accueillir à la demande de Monsieur le Maire qui doit nous rejoindre au cours des travaux de ce colloque .Il m’a donc chargé de vous souhaiter la bienvenue. Jean-François a présenté l’ensemble des partenaires avec lesquels nous avons l’habitude de travailler et d’accueillir régulièrement dans nos locaux. Parce que les travaux, les engagements, les résolutions dans lesquels vous vous engagez nous semblent extrêmement importants et il évident que nous souhaitons continuer avec votre concours..
Je salue aussi la présence de Jean Marie BONNEMAYRE qui nous fait l’honneur et l’amitié de participer aux travaux de ce colloque aujourd’hui.
Alors bien sûr, vous savez le partenariat auquel Jean François Chalot a fait allusion il y a quelques instants dure déjà depuis plusieurs années et l’objectif sur lequel votre colloque a prévu de travailler aujourd’hui « simplifier le réseau local de solidarité » est un objectif qui nous parait à la fois ambiteux, parce que il s’attache à mettre en lumière et à coordonner, à fédérer toute une série de dispositifs qui existent parfois de façon séparés mais aussi,parce qu'il s'agit d'un objectif qui est tout à fait essentiel en cette période sur laquelle je n’insisterais pas davantage. Voilà pourquoi, il me semble nécessaire et facile en même temps ,car je sais que vous en êtes tous capables et vous l’avez déjà montré, de vous souhaiter des travaux riches et bien sur les conclusions auxquelles vous arriverez, soyez assuré que la municipalité de Vaux le Pénil apportera tout son soutien et s’appliquera à travailler dans les directions que vous aurez dégagées.
Intervention de Jean Marie Bonnemayre Président du CNAFAL.
Merci aux animateurs des Associations Familiales Laïques de Seine et Marne de m’inviter chaque année, merci aux élus, aux collectivités qui soutiennent cette initiative.
Pour faire un constat, nous sommes dans une situation de grave crise sociale, économique, politique qui ne facilite pas le travail des associations.
On partage tous, de la plus petite association à la plus grande, au niveau national, cette inquiétude sur notre devenir. Il y a la baisse des dotations qu’elles soient de la part des ministères, ou qu’elles soient de la part des collectivités locales, elles-mêmes contraintes par la baisse des dotations de la part de l’Etat.
Ça ne veut pas dire que la plupart des associations ne vivent que de subventions. Si on chiffrait le travail des bénévoles au prix coûtant, on serait sans doute édifié par l’apport du tissu associatif, y compris dans les économies locales et nationales. D’ailleurs, de nombreuses associations commencent petit à petit à chiffrer les heures de bénévolat, pour que les pouvoirs publics se rendent compte de l’investissement qui est produit.
On le voit, la citoyenneté politique est en train de décliner. On voit bien que les niveaux d’abstention s’élèvent depuis 25 à 30 ans, qu’il y a une désaffection, une déception profonde. C’est peut être une affaire spécifique de la République française que d’avoir développé la citoyenneté sociale à côté de la citoyenneté politique, par différents dispositifs. De nombreux représentants d’usagers siègent dans des conseils d’administration, dans des représentations. Il y a eu dernièrement les élections de représentants des locataires dans les offices. Je sais qu’il y a eu des bons résultats pour les Familles Laïques. C’est important de pouvoir figurer dans ces conseils, mais au-delà, ça veut dire qu’il faut pouvoir maîtriser à la fois les circuits, mais je dirais aussi la manière dont s’élaborent les décisions dans ces conseils d’administration. Et c’est tout l’enjeu de l’éducation populaire. Ce n’est pas seulement défendre les gens lorsqu’ils sont en difficulté, faire du dépannage, mais c’est aussi faire accéder au droit et donc, c’est tout ce travail que l’éducation populaire doit faire et fait. C’est son essence même.
Faire en sorte que chacun puisse mieux se défendre par rapport aux pouvoirs publics et privés et faire valoir tous les droits que l’on a.
Ces 20 dernières années, le droit s’est complexifié. On a bien vu dans tous les domaines, chacun dans son secteur produit une nouvelle loi qui met à bas la précédente, qui la modifie. Ce qui fait que tout le travail de réappropriation qui est fait dans le champ de l’éducation populaire, que l’on soit bénévole ou salarié, est à recommencer en permanence, parce que les choses bougent. Et c’est notamment vrai dans le champ du travail social, qui n’a jamais été aussi complexe. Ce qui fait, que les recours lorsque l’on a besoin de les actionner, deviennent de plus en plus difficiles et parfois se perdent dans les sables de l’administration. D’ailleurs, de plus en plus dans ce secteur là, les gens deviennent des dossiers administratifs et on oublie que l’on a en face de véritables personnes qui sont en grande difficulté, qui ne savent plus à quelle porte taper et bien sûr, le rôle associatif est plus que jamais essentiel.
Dans un tissu social qui est de plus en plus abimé, ce sont les associations qui fabriquent le lien social et c’est essentiel. C’est dans cette liaison que l’on évite aussi « la violence ».
Lorsque que quelqu’un est face à une situation qu’il ne comprend pas, il se heurte effectivement à une forme d’anonymat, d’indifférence par rapport à un certain nombre d’interlocuteurs, d’administrations, etc. Bien souvent cela dégénère et ce n’est jamais la bonne solution. La bonne solution, c’est de conduire les personnes vers leur accès au droit, de leur expliquer leurs recours, de les accompagner jusqu’à ce qu’elles puissent être autonomes.
Alors là, nous sommes dans un contexte de plus en plus difficile. Plus la crise s’accentue, plus on a de l’intrusion d’associations qui ne font plus que du « dépannage » : en gros les associations caritatives. Je ne leur jette pas la pierre, parce qu’elles ont leur utilité. Mais en ce qui nous concerne, on ne se situe pas tout à fait sur le même registre. D’abord parce que, et on le voit bien, il y a des appels aux dons en permanence. Elles-mêmes sont en grave difficulté, parce que les dons n’arrivent pas et que de toute façon, les ressources ne sont pas inépuisables de ce côté là. Et c’est là où l’on voit toute l’utilité de l’éducation populaire, qui est d’apprendre aux gens, bien évidemment, à résoudre leurs problèmes et je dirais la force du collectif, parce que lorsqu’il y a une coupure d’eau, une coupure d’électricité, lorsqu’il y a une expulsion locative, si on est seul face à une machine administrative qui est un peu aveugle, il vaut mieux être soutenu par une association qui se mobilise, qui accompagne les gens et établit un rapport de force . C’est aussi le rôle des mouvements d’éducation populaire de faire agir la force du collectif.
Autre complexité de ces dernières années, les lieux de pouvoir ne sont pas toujours répertoriés parce que les politiques ont multiplié les intermédiaires. On le voit au niveau national, les politiques ont abandonné une partie de leur pouvoir aux hautes autorités. Ils l’ont abandonné, à des agences qui sont pilotées exclusivement par des technocrates et à qui ils ont délégué une grande partie de leurs pouvoirs politiques, administratifs et financiers. Ce n’est jamais facile, à partir de là, d’interpeller des gens qui ont une large autonomie et qui ne répondent plus devant le pouvoir politique, parce que cette sphère-là s’est complétement autonomisée. Autre problème de ces 15 dernières années, et on le voit à travers les médias : on ne peut plus avoir un débat politique ou il ne peut plus y avoir une question de société qui ne soit évoquée quelque part, sans que l’on ait « Monsieur l’expert » qui vienne pour dire sa vérité, et finalement pour dire ce qu’il faut penser sur telle ou telle question. L’éducation populaire, face à cela, dit que chacun d’entre nous, à travers son expérience, localement, a aussi sa propre expertise qui est tout aussi valable que celle que l’on nous fait défiler sur les plateaux de télévision, à propos de n’importe quel problème. Partir du vécu, partir de constats qui sont faits sur le terrain, c’est tout aussi important que d’être dans la stratosphère, pour décrire un certain nombre de situations. une partie de l’activité associative a été parasitée par l’ensemble de ces phénomènes et plus que jamais, il faut se réapproprier tout cela. Ca commence par le terrain, et c’est important, plus il y a de monde dans une association, plus il y a reconnaissance sur le plan local et en même temps cela permet d’être des interlocuteurs valables à l’égard des pouvoirs publics. Ça aussi c’est important, d’avoir du répondant, de pouvoir dialoguer avec les personnes dans les quartiers sur l’ensemble des sujets. L’élu n’a pas la science infuse, et même si c’est un élu de terrain, il faut absolumement qu’un retour lui soit fait de telle sorte que l’on puisse adapter un certain nombre de procédures à la réalité que l’on a devant soi. C’est comme ça que les choses avancent.
A travers le tissu associatif, il y a de l’innovation sociale qui se fait au fur et à mesure. Il y a beaucoup de législations, notamment dans le champ social, qui se sont faites, se sont fabriquées, à partir des réalités de terrain et parce que les associations de terrain ont innové dans un certain nombre de domaines. Et comme le retour d’expérience se faisait, le politique ou le législateur a entériné à partir de là l’expérience de terrain pour fabriquer une partie de la législation.
C’est une expérience inestimable que de travailler dans les associations, de travailler en équipe d’une manière collective et de ne pas se laisser impressionner par les autorités. Il faut se réapproprier l’ensemble des circuits, l’ensemble des rouages, les diffuser, les faire partager, vers le plus de personnes possible. Parce que c’est comme ça, qu’à travers la citoyenneté sociale, on se réappropriera la citoyenneté politique. Parce qu’il faut investir les lieux de décisions.
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