Nous étions, ce jeudi matin, une cinquantaine devant l’école de Rubelles, commune de Seine et Marne.
Une cinquantaine, représentants d’associations, de syndicats enseignants ou simples citoyens, à exprimer pacifiquement notre étonnement, notre désaccord face à cette municipalité qui s’obstine depuis plus de 8 mois, en violation de la loi, à ne pas vouloir accueillir dans l’école communale les enfants des familles demandeuses d’asile «logées» dans les hôtels situés sur le territoire de la commune.
Là, ce jour, parce que toutes les démarches habituellement efficientes pour faire appliquer la loi n’avaient pas abouti.
Des barrières avaient été installées, bloquant et filtrant l’accès à l’école.
Des employés et des élus municipaux veillaient derrière les barrières.
La police était là.
C’est dans ce décor que les enfants - ceux de Rubelles - ont fait leur rentrée à l’école ce matin, accompagnés le plus souvent par un parent.
« Pas devant l’école ! Pensez aux enfants «....
Ainsi fûmes-nous apostrophés par une maman.
Oui, nous y pensons ! A tous.
Comment lui faire comprendre ?
Que les enfants, à Rubelles comme partout ailleurs, ne vivent pas en-dehors de la société.
Que, d’une façon où d’une autre, ils perçoivent les situations faites par les adultes qui les entourent, parents, enseignants, voisins...
Et que, s’il est possible de faire un tri, pourquoi eux et pas les autres ?
Que tous ces adultes autour d’eux laissent faire, donc acquiescent.
Qu’on peut donc, pour pouvoir aller à l’école, être du bon ou du mauvais côté dans notre pays.
Que la police, le gardien de l’école...etc sont là pour empêcher des enfants de venir à l’école.
A l’école où l’on a, cette année, célébré les Droits de l’Enfant.
A l’école où on leur dit - normalement - que c’est bien et nécessaire d’y venir.
A l’école où - normalement - on leur apprend la solidarité et le respect des lois.
A l’école où on leur apprend que, dans d’autres pays, de pauvres enfants malchanceux n’y ont pas accès comme eux.
Comment lui faire comprendre que, loin de les protéger, le silence, le déni, l’occultation ne sont que générateurs de questionnement, de perte de confiance et de considération face aux adultes, d’angoisse...
Comment lui faire comprendre que nous sommes là aussi pour «ceux de Rubelles» ?
Parce que nous savons qu’ils ne sont ni aveugles, ni sourds, qu’ils sont vivants et partie prenante de cette société.
Pour qu’ils sachent qu’il est possible de mettre en cohérence actes et pensée.
Pour qu’ils sachent que les lois qui protègent les enfants sont à défendre et défendues.
En bref, pour qu’ils sachent qu’ils peuvent grandir sans angoisse à l’école.
Car le vrai danger, pour eux, n’est pas dans la rencontre avec quelques enfants venus d’ailleurs.
Il est dans la perception qu’il est possible d’exclure.
Pas de tri !
Parents de Rubelles, comment allez-vous expliquer cela à vos enfants ?
H.Cordelier / RESF
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